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Double assassinat à Kraainem: l'avocate générale requiert la réclusion à perpétuité pour les 3 coupables

Pierre Devalet, Beby Ngongi et Vincent Léglise ont tous les trois été déclarés coupables, comme auteur ou co-auteur, des assassinats de Magali Wagner, la compagne de Pierre Devalet, et Coline Ghinet, la fille de celle-ci. 

Le jury de la cour d'assises de Bruxelles a déclaré, jeudi soir peu avant minuit, Pierre Devalet, Beby Ngongi et Vincent Léglise tous trois coupables, comme auteur ou co-auteur, de l'assassinat de Magali Wagner, compagne de Pierre Devalet, et de la fille de celle-ci, Coline Ghinet. Les crimes ont été commis dans la maison des victimes à Kraainem, au cours de la nuit du 23 au 24 mars 2022.

Les jurés ont établi que les trois accusés sont tous trois coupables au même titre des deux assassinats, soit comme auteur ou co-auteur. Pierre Devalet a commandité les crimes, Beby Ngongi les a exécutés et Vincent Léglise est intervenu comme un intermédiaire essentiel entre les deux premiers, qui ne se connaissaient pas.  

Le 24 mars 2022 vers 20h00, les corps sans vie de Magali Wagner, âgée de 46 ans, et de sa fille, Coline Ghinet, âgée de 17 ans, ont été découverts dans leur maison à Kraainem. Leur décès remontait à plusieurs heures. Mère et fille avaient été tuées de plusieurs coups de couteau, notamment au niveau de la gorge, après avoir été droguées.  

Pierre Devalet, compagnon de Magali Wagner, a rapidement été soupçonné. Il est apparu que leur couple battait de l'aile et que Magali avait pris la décision de le quitter après dix ans de vie commune.  

Plusieurs mois après les faits, Pierre Devalet a avoué avoir commandité les crimes. Par ailleurs, une enquête de téléphonie approfondie a permis de mettre en exergue de très nombreux contacts entre d'une part Pierre Devalet et Vincent Léglise, un ami de son frère, et d'autre part entre Vincent Léglise et son ami Beby Ngongi.  

Tous les trois coupables

Les jurés ont relevé que les aveux de Pierre Devalet étaient corroborés par différents éléments d'enquête, notamment le fait qu'il avait emprunté de l'argent auprès de diverses personnes pour un montant total de 40.000 euros, ce qui correspond au SMS que Vincent Léglise lui avait envoyé disant: "30 non, 40 oui".  

Ils ont considéré que Pierre Devalet a "prémédité son crime de longue date" et qu'il n'a "jamais renoncé à son projet". Ils ont aussi établi que son intention était bien de faire disparaître Magali mais aussi Coline, car les faits ont été commis durant une semaine où l'adolescente, dont les parents avaient la garde alternée, séjournait chez sa maman.  

Les jurés ont ensuite estimé que la culpabilité de Beby Ngongi résultait de la présence de plusieurs traces, sur la scène de crime, contenant son profil ADN, et du fait que le sang des victimes a été découvert dans la voiture de Magali Wagner sur le volant, le pommeau de vitesses, les pédales et le frein à main. Or, Beby Ngongi a reconnu être celui qui a déplacé ledit véhicule le 24 mars 2022 vers 05h00. Il niait toutefois être celui qui a tué les deux femmes.  

Enfin, les jurés ont considéré que Vincent Léglise était lui aussi au centre du projet criminel, malgré ses dénégations. "Il était le seul à avoir des contacts avec d'une part Pierre Devalet, et d'autre part avec Beby Ngongi. De plus, la remise de l'argent était systématiquement organisée par l'entremise de Vincent Léglise et c'est lui qui organise les deux seules rencontres physiques qui ont eu lieu entre Pierre Devalet et Beby Ngongi quelques jours avant les faits", expose l'arrêt de la cour.

"C'est lors de ces rencontres que Pierre Devalet a expliqué à Beby Ngongi où se trouvaient les clés de la maison et que Beby Ngongi a donné instruction à Pierre Devalet ne pas être présent chez lui le 23 mars au soir et de faire en sorte que les victimes soient sous l'influence de somnifères".  

Selon les jurés, la version de Vincent Léglise selon laquelle il n'a fait que mettre en relation Pierre Devalet avec Beby Ngongi pour la réalisation de travaux est "dénuée de toute crédibilité". Son histoire n'est pas compatible avec les messages échangés, notamment avec un SMS du 8 novembre 2021 dans lequel Pierre Devalet lui dit: "n'en parle pas à mon frère".  

L'avocate générale requiert la réclusion à perpétuité

L'avocate générale a requis vendredi en fin de matinée devant la cour d'assises de Bruxelles la réclusion à perpétuité à l'encontre de Pierre Devalet, Beby Ngongi et Vincent Léglise. "Il y a trop de choses dans ce dossier qui me font dire que ces trois tueurs ne méritent aucune circonstance atténuante", a d'emblée lancé l'avocate générale. "Tout d'abord parce qu'il s'agit de deux assassinats. Ensuite, leur acte est d'une gravité sans borne et rien ne peut l'atténuer, ni les regrets ni l'éventuelle absence de casier judiciaire", a-t-elle déclaré.

"Il y a aussi la longueur de la préméditation qui démontre une persistance dans leur décision, en particulier pour Pierre Devalet. Durant sept mois, il a continué à vivre avec ces deux femmes tout en organisant leur assassinat".

Pour l'avocate générale, les raisons qui ont poussé les auteurs à agir doivent aussi être prises en compte pour déterminer la peine. Elle a estimé que Beby Ngongi et Vincent Léglise ont agi par appât du gain et Pierre Devalet pour se débarrasser de sa compagne, qui voulait le quitter, et de sa belle-fille, dont il était jaloux.    

"Il n'a cessé de se plaindre de son burn-out, d'être fatigué, d'être sous-pression, mais pour trouver les 40.000 euros et passer des dizaines de coups de fil il n'était plus si fatigué", s'est exclamée la procureure.  

Cette capacité de donner le change, c'est odieux! Et ça démontre une froideur

L'attitude des trois coupables au cours de l'enquête et du procès est aussi un indicateur, selon elle. "Vincent Léglise a tout nié et Beby Ngongi nous a baladés à travers des récits des faits plus invraisemblables les uns que les autres. Quant à Pierre Devalet, je rappelle ce qu'il vous a raconté de sa matinée du 24 mars, alors qu'il savait ce qui était arrivé la nuit précédente: il a pris le petit-déjeuner au soleil sur une terrasse à Louvain-La-Neuve, et il s'est trouvé merveilleux d'avoir donné une couque à un sans-abri, puis il est allé travailler et a dit à tous ses collègues qu'il avait passé une super bonne nuit. Cette capacité de donner le change, c'est odieux! Et ça démontre une froideur. S'il a fini par avouer c'est parce qu'il était coincé. Personnellement, je ne crois pas à ses regrets. Pour moi, les trois auteurs n'ont rien fait pour mériter un minimum de compassion de la part de leurs juges", a exposé la représentante du ministère public.  

Enfin, celle-ci a justifié sa demande de condamnation à la réclusion à perpétuité par souci de protéger la société. "Ils constituent des dangers", a-t-elle affirmé, rappelant que Vincent Léglise et Beby Ngongi ont tous deux été condamnés pour des faits de violence. Pour ce dernier, elle a requis une mise à disposition du Tribunal de l'Application des Peines (TAP) si la réclusion à perpétuité n'est pas prononcée, se référant aux expertises psychiatriques. Celles-ci ont décelé des traits psychopathiques chez ce grand adepte des sports de combat.

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