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Trois jours terribles dans les Alpes pour les coureurs du Tour de France: comment gérer ce défi rare?

A partir de ce jeudi, le Tour de France débarque dans les Alpes: un triptyque d'une difficulté rare qui mettra les coureurs au défi de trouver le bon équilibre entre la gestion, essentielle pour ne pas exploser, et l'audace.

Jeudi: quatre ascensions, dont les col de Vars, d'Izoard et du Galibier, d'une altitude supérieure à 2.000 mètres. Vendredi: cinq montées entre Saint-Jean-de-Maurienne et Tignes, avec le mythique Iseran, point culminant du Tour à 2.770 mètres. Et samedi: trois ascensions, dont l'ultime, interminable (33,4 km), guidera les derniers rescapés en haut de Val Thorens et décidera du nom du vainqueur de l'épreuve.

"C'est une montée horrible. Je pense que le classement général du matin ne voudra pas dire grand chose", assène Steven Kruijswijk, le 3e du classement général.

Le Néerlandais de l'équipe Jumbo a bien cerné la difficulté du rendez-vous alpestre de cette édition, que les coureurs redoutent tant: après trois semaines éreintantes de course, tout peut se perdre en quelques minutes en cas de défaillance dans l'ultime ascension.


"Une sorte de réserve"

"Des défaillances, je suis persuadé qu'il y en aura sur ces trois étapes", estime Julien Jurdie, le directeur sportif d'AG2R La Mondiale. "Le garçon qui passera à travers les gouttes, sans être forcément extraordinaire, mais en maintenant un très bon niveau, il aura de grandes chances de prendre pas mal de temps sur un paquet d'adversaires".

Pour passer entre les gouttes, quelle tactique adopter ? "Opter pour une stratégie de gestion du potentiel sur trois jours", répond Frédéric Grappe, le directeur du pôle performance de l'équipe Groupama-FDJ, celle de Thibaut Pinot, "car on ne peut pas faire trois jours d'épuisement, c'est impossible au niveau de la récupération".

"Au départ d'Embrun jeudi, les meilleurs ne seront pas dans l'optique d'UNE étape de montagne, il auront dans la tête TROIS étapes de montagne", détaille-t-il. "Ils termineront la première fatigués, oui, mais ils en auront gardé. Inconsciemment, leur organisme se sera mis dans une sorte de réserve".


Le territoire des "vrais grimpeurs"

Faut-il alors s'attendre à une course neutralisée, ou frileuse au moins sur une étape, en raison de cette peur de l'épuisement ? "Il peut y avoir un round d'observation", estime Yvon Madiot, le directeur sportif de l'équipe. "Mais je n'en suis pas convaincu, car il y a plusieurs équipes dans le rôle des chasseurs avec plus d'une minute trente de retard (sur le maillot jaune Julian Alaphilippe), comme nous. On ne peut pas se permettre de trop attendre".

"C'est un arbitrage à faire, une prise de risque", reprend Julien Jurdie. "Ce qui est certain par contre", conclut Frédéric Grappe, "c'est que sur la troisième étape, ils vont tout lâcher".

Contrairement aux Pyrénées, où seules deux étapes de montagne ont été disputées à la suite (au lendemain du contre-la-montre), les Alpes feront puiser chacun plus loin dans ses réserves.

"Les vrais grimpeurs se mettront en avant: non pas ceux qui sont capables de monter très vite un gros col, mais ceux qui sont capables d'enchaîner de nombreux cols avec la même efficience motrice", prédit Frédéric Grappe. "Ceux-là, sur une troisième journée de montagne, il n'y a pas photo par rapport aux autres".

Les coureurs en sont bien conscients. Julian Alaphilippe n'arrête pas de répéter que "le plus dur est à venir" et que malgré sa minute et demie d'avance, son "maillot jaune ne tient qu'à un fil". Geraint Thomas, tenant du titre, confirme. "Vous gagnez un Grand Tour en gérant votre effort, pas en vous mettant souvent dans le rouge", assure le Gallois. "Gardez cela pour le dernier jour".

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