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Kevin Anderson est devenu le premier Sud-Africain en près d'un siècle à accéder à la finale de Wimbledon mais à quel prix... Il lui a fallu batailler pendant 6h36 pour venir à bout de l'Américain John Isner vendredi.
Les protagonistes de la seconde demi-finale, le N.1 mondial Rafael Nadal et Novak Djokovic ont dû prendre leur mal en patience pendant de longues heures, avant de pénétrer sur le "Centre court". Et ils devront revenir samedi à 13h00 locales (12h00 GMT, 14h00 continentale) pour poursuivre le 52e épisode de leur rivalité (26-25 pour le Serbe). La finale dames opposant l'Américaine Serena Williams à l'Allemande Angelique Kerber débutera après.
Si le toit du Central permet de prolonger les débats dans la soirée, il y a quand même une fin à tout à Londres. Le couvre-feu imposé par les résidents du quartier ne permet pas de jouer au-delà de 23h00 locales (22h00 GMT, minuit en heure continentale).
Et à 23h02, Djokovic venait tout juste de remporter le troisième set pour mener 2 manches à 1 (6-4, 3-6, 7-6 (11/9)) après 2h54 de jeu dans un match d'un très haut niveau.
- Pluie de coups gagnants -
C'est au bout d'un ultime set de 2h55 qu'Anderson a lui eu la peau du géant Isner: 7-6 (8/6), 6-7 (5/7), 6-7 (9/11), 6-4, 26-24, bouclant ainsi le deuxième plus long simple de l'histoire en Grand Chelem. Il est devenu le premier joueur de son pays à rallier la finale à Londres depuis Brian Norton en 1921.
Isner est décidément un habitué des matches à rallonge. C'est lui qui avait remporté le plus long de l'histoire, déjà sur le gazon anglais face au Français Nicolas Mahut, en 2010 au premier tour... après 11h05 de jeu étalé sur trois jours, 70-68 au cinquième set.
Sur le court central, vendredi les coups gagnants ont plu: 247 coups gagnants au total (118 pour le Sud-Africain, 129 pour l'Américain). Et les aces aussi comme prévu: 103 aces au total, 49 pour Anderson et 53 pour Isner.
Avec 214 cumulés au total en six matches, l'Américain est devenu le nouveau recordman sur une édition de Wimbledon, dépassant l'artificier croate Goran Ivanisevic, qui en avait lui empilé 212 à l'issue de son parcours vers le titre en 2001.
Une maigre consolation pour le lauréat du Masters 1000 de Miami (en avril) qui avait attendu son 41e tournoi pour enfin accéder au dernier carré d'un tournoi du Grand Chelem.
"Je me sens horriblement mal", a dit en conférence de presse, l'Américain de 33 ans, soigné plusieurs fois pour des ampoules pendant la partie et souffrant visiblement aussi d'un pied.
- Anderson pour un changement de règle -
Dans le set décisif, la victoire a souri à celui qui aura été le plus résistant, mais après des efforts à en perdre la raison. "C'est juste une peine cruelle et inutile infligée à ces deux mecs", a estimé l'ancien champion américain John McEnroe, trois fois lauréat à Londres (1981, 1984, 1985) en commentant le match pour la BBC.
Les deux géants - 2,08 m pour Isner, 2,03 m pour Anderson - se sont donné une chaleureuse accolade à l'issue de la partie.
Harassé, le Sud-Africain de 32 ans avait bien du mal à jouir de sa victoire et préconisait surtout un changement des règles, avec pourquoi pas l'application du tie-break au cinquième set, comme à l'US Open. "J'espère vraiment que les choses vont changer en Grand Chelem, parce qu'après autant de temps passé sur le court, on ne sent pas super", a dit Anderson, juste après la rencontre.
Le finaliste de l'US Open avait déjà joué pendant près de 4h15 en quarts pour faire chuter le tenant du titre, le Suisse Roger Federer. "Il va falloir que je récupère du mieux possible avant la finale dimanche", a-t-il souligné.
Bénéficiera-t-il d'assez de temps pour être compétitif face au défi qui l'attend? Au moins, lui, ne rejouera pas samedi, au contraire de Nadal et Djokovic...