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Eternel maudit, le Slovène Primoz Roglic a été contraint d'abandonner vendredi après une énième chute et voit à nouveau s'envoler, à 34 ans, son rêve de remporter la Grande boucle, le seul grand Tour qui lui manque.
Le leader de la formation Red Bull Bora n'a pas pris le départ de la 13e étape à Agen vendredi, mais c'est à Villeneuve-sur-Lot, ville d'arrivée de la 12e étape la veille, que son ancien coéquipier Wout Van Aert a le mieux résumé l'état d'esprit général à propos de "Rogla".
"Je suis désolé pour Roglic, il avait déjà connu tellement de malchance avant", avait regretté le Belge, bien placé pour savoir que le vainqueur du Giro 2023 n'en est pas à son premier carambolage.
Rien que depuis le début de la saison, Roglic a connu bien des déboires. En avril, il a été pris dans le crash massif qui avait marqué le Tour du Pays basque, où ses rivaux Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel avaient également lourdement chuté.
- "malchance" -
Puis, lors du Dauphiné, il avait à nouveau été envoyé au sol, sans trop de gravité. De quoi entretenir sa réputation de coureur poissard, habitué aux gadins, soit par malchance, soit par manque de dextérité, lui qui est arrivé sur le tard au cyclisme après une première vie de sauteur à skis.
Cette fois, c'est à une douzaine de kilomètres de l'arrivée que le sort s'est acharné, lors de l'étape reliant Aurillac à Villeneuve-sur-Lot.
Le Kazakh Alexey Lutsenko est venu le percuter après avoir heurté un îlot séparateur au milieu de la chaussée. Roglic, alors quatrième du général, est tombé sur le bitume surchauffé puis s'est relevé et a terminé l'étape à plus de deux minutes du peloton, l'épaule droite ensanglantée, la même que celle touchée au Dauphiné.
Pas de fracture, mais "un examen détaillé de notre équipe médicale hier soir et encore ce matin" plus tard, et l'abandon était décidé par le staff de son équipe, alors que le début de Tour de Roglic était encourageant, lui qui semblait en mesure de lutter avec Remco Evenepoel pour une place sur le podium.
Malgré une première chute, sans conséquences, dans la descente menant vers le Lioran lors de la 11e étape mercredi, il avait été classé dans le même temps que le Belge. Les deux hommes n'étaient alors séparés que d'une minute. Le Slovène s'était même accroché un temps dans la roue de Vingegaard dans les monts du Cantal, manière de confirmer qu'il faisait bien partie des "Quatre fantastiques" de ce Tour de France.
"Cette étape nous a rendu optimistes, Primoz avait une attitude positive, un état d’esprit de guerrier, l'équipe croyait en lui", a dit Rolf Aldag, le manager de l'équipe Red Bull Bora avant le départ de la 13e étape vendredi.
- Histoire contrariée -
"Il est vraiment poursuivi par la malchance", a-t-il également déploré, alors que le triple vainqueur de la Vuelta avait été contraint à l'abandon en cours de route en 2021, 2022 et avait fait l'impasse en 2023.
La dernière fois qu'il a terminé le Tour, c'était en 2020. Et, preuve de son histoire contrariée avec la Grande boucle, il était arrivé sur les Champs-Elysées exsangue, encore sonné de l'uppercut reçu la veille lorsqu'il avait explosé lors de l'avant-dernière étape, perdant son maillot jaune au profit de Tadej Pogacar.
Puis, barré par l'éclosion de Jonas Vingegaard au sein de l'équipe Visma, le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège en 2020 a choisi de quitter la formation néerlandaise pour sortir de l'ombre du Danois et se lancer dans sa dernière quête, celle du Tour, avec la Bora.
Le début de saison, contrarié par les chutes, ne lui avait pas permis de véritablement développer l'entente avec ses nouveaux équipiers, jusqu'au Critérium du Dauphiné début juin, où le champion olympique du chrono 2020 s'était imposé.
De quoi arriver lancé sur le Tour. Avant que ses mauvaises habitudes ne le rattrapent.