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Ses photos des champions de BMX freestyle en vol devant l'obélisque de la Concorde ou la Tour Eiffel font le tour du monde. Un décor de rêve, un positionnement étudié, un peu de chance, c'est la recette des clichés spectaculaires de Jeff Pachoud, pendant les JO de Paris 2024
"J'ai une position vraiment privilégiée, en fait on ne me demande pas de suivre les compétitions, c'est-à-dire l'évolution des scores, qui gagne, etc", explique le reporter photo (40 ans), régulièrement primé pour ses clichés de sport.
Un rôle qui lui offre un "grand luxe" pour la couverture de ses quatrièmes Jeux, celui de prendre son temps: "pouvoir couvrir les Jeux de cette manière, ça change vraiment tout".
Loin des figures imposées aux photojournalistes envoyés sur les compétitions sportives, sa mission actuelle est de choisir les sports qui l'intéressent pour exercer "un regard un peu différent" de ce qui est habituellement attendu du photojournaliste sportif, chargé de couvrir une compétition.
"Ca veut dire que je peux me concentrer sur un truc en attendant de réussir à faire cette photo", souligne ce montagnard de coeur qui, hors compétitions sportives, anime depuis un peu plus de deux ans l'équipe régionale photo depuis le bureau de Lyon.
Ce 29 juillet, Jeff Pachoud se rend à la compétition de skateboard place de la Concorde, sur un parc urbain aménagé par des organisateurs décidés à mettre en avant la compétition autant que l'architecture emblématique de Paris.
Son regard est vite attiré par l'entraînement de BMX qui se déroule à proximité.
"Quand on couvre les entraînements, on est beaucoup plus libre sur la manière de travailler: les emplacements sont moins fixes, tu peux un peu +te promener+", explique le photographe.
Il voit tout de suite les possibilités d'une perspective "nez à nez avec l'obélisque", repère la trajectoire de ceux qui s'entraînent, se place et attend.
"Il y a aussi une énorme part de chance, qui dépend de la performance de l'athlète. Et là, le fait que les deux roues soient posées sur l'obélisque, c'est la part de chance", constate le photographe.
"Je n'ai pas fait un clic, c'est une rafale, et dans la rafale il y a une image où il y a cette impression visuelle un peu étonnante".
Sur le cliché, l'Argentin Jose Torres Gil se dresse sur son vélo, semblant avec la perspective défier les lois de la gravité sur l'un des flancs du monolithe sculpté. Deux jours plus tard, le Sud-Américain s'empare de l'or olympique.
Sur une autre de ses photos largement reprise, on voit le Brésilien Gustavo Batista De Oliveira, à l'échauffement avant les qualifications, en plein salto, la tête à l'envers, semblant vouloir embrasser l'antenne de la Tour Eiffel, en arrière-plan.
Pour ce cliché, Jeff Pachoud est sorti du parc urbain.
"Depuis l'extérieur on voyait mieux la Tour Eiffel. J'ai repéré que chaque fois que les athlètes prenaient tel tremplin sur le site ils passaient au-dessus. Après je ne suis pas le seul", sourit-il. Un petit attroupement s'est vite formé pour profiter de ce point de vue exceptionnel.
Le skate et le BMX, additions récentes aux Jeux, sont particulièrement "spectaculaires", souligne le photographe. "Du coup j'ai tendance à me diriger vers ce style de sport, même si aujourd'hui je suis au tennis de table, que j'essaie d'apprendre à regarder autrement pour faire une photo sympa".