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L'arrière du XV de France Melvyn Jaminet a été suspendu jusqu'à huit mois par la Fédération française (FFR) après les propos racistes tenus dans une vidéo début juillet, au début de la tournée cauchemardesque des Bleus en Amérique du Sud.
L'arrière du RC Toulon (25 ans, 20 sélections), entendu vendredi par la commission de discipline de la FFR, a écopé d'une suspension de 34 semaines --près de huit mois-- de toute compétition pour "atteinte à l'intérêt supérieur du rugby", selon un communiqué de la Fédération. Néanmoins, huit semaines pourront "être substituées par des activités d'intérêt général au bénéfice de la FFR", ramenant la sanction à 26 semaines, soit environ six mois.
Pour ce faire, Jaminet devra réaliser des "actions de prévention portant sur les dangers liés à l'alcool et les réseaux sociaux", ainsi que des "actions de promotion des valeurs du sport portant sur la lutte contre les discriminations", d'après la même source.
Par ailleurs, le joueur, meilleur réalisateur (225 points) du RCT durant la saison écoulée, devra s'acquitter de 30.000 euros d'amende, a ajouté la FFR, précisant que cette décision était susceptible d'appel dans un délai de 7 jours.
- "Honteux" -
Au lendemain de la victoire des Bleus en Argentine le 6 juillet (28-13), premier match de leur tournée en Amérique du Sud, Melvyn Jaminet avait posté sur Instagram, avant de la supprimer, une vidéo dans laquelle il tenait des propos racistes.
Dans un communiqué publié rapidement après la diffusion de cette vidéo, la FFR avait annoncé que le joueur avait été "mis à l'écart avec effet immédiat" et avait quitté le groupe France. Dans un message d'excuses publié dans la foulée sur son compte, le joueur s'était dit "profondément désolé et honteux de (ses) paroles".
"Je tiens à m'excuser auprès de tout le monde. Je comprends que cela ait pu blesser et offenser de nombreuses personnes, et je tiens à dire clairement que ces propos ne reflètent en aucun cas mes valeurs ou celles de l'équipe de France de rugby", avait-il écrit.
Depuis ce message, le joueur, l'un des artisans du Grand Chelem réalisé par le XV de France en 2022, est resté silencieux.
Sa sanction équivaut à celle reçue en septembre 2021 par le joueur de Provence rugby (Pro D2) Ludovic Radosavljevic, auteur de propos racistes envers l'ailier camerounais de Nevers (Pro D2) Christian Ambadiang, et suspendu pendant 26 semaines par la Ligue nationale de rugby (LNR).
Licencié ensuite par le club provençal, Radosavljevic avait tenté de rebondir à XIII, avant de finalement poser ses crampons au sein du club amateur d'Avignon-Le Pontet.
- "Rédemption" -
Melvyn Jaminet n'en est pas là, mais il est aussi dans l'attente d'une sanction disciplinaire de son employeur, le Rugby club toulonnais (RCT).
Les dirigeants du RCT l'ont en effet entendu mardi après-midi, avant de faire savoir le lendemain qu'ils annonceraient leur décision "dans les prochains jours".
Dans un communiqué publié mercredi, le club varois a cependant laissé entendre qu'il écartait un possible licenciement, faisant valoir que "dans sa prise de position, (il ferait) une distinction entre le joueur, qui a gravement endommagé l'image du club et du rugby en général, et le jeune homme de 25 ans".
"Indépendamment de la décision de sanction qui pourra être prise à son encontre, nous croyons en la possibilité de rédemption de Melvyn Jaminet et sommes prêts à l'accompagner dans ce processus. Cette démarche vise à l'aider à comprendre la gravité de ses actes, à les éradiquer et à évoluer positivement en tant qu'individu", avait ajouté le club.
En parallèle, le parquet de Paris a ouvert le 9 juillet une enquête à l'encontre de Melvyn Jaminet pour "menace de mort à raison de l'origine" à la suite d'un signalement de l'association SOS Racisme.
Cauchemardesque, la tournée du XV de France en Amérique du Sud a également été marquée par l'arrestation en Argentine des jeunes joueurs Hugo Auradou et Oscar Jegou, inculpés du viol d'une femme dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza.