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Stratosphérique! Teddy Riner est devenu vendredi à Paris champion olympique des poids lourds pour la troisième fois après 2012 et 2016, un exploit majuscule jusqu'ici jamais réalisé dans la catégorie reine et qui fait de lui le plus grand des judokas.
Le super-héros des tatamis a encore enfilé sa cape pour offrir à l'équipe de France de judo son premier titre à Paris-2024, et sa neuvième médaille. Il a ipponisé d'un superbe balayage le Sud-Coréen de 23 ans Kim Min-jong, champion du monde 2024 (en l'absence du Français).
"C'est dingue, on en rêve, on en cauchemarde, mais on ne se dit jamais que ça sera de la sorte. (...) C'est un truc de malade. C'est un kiff. C'est waouh !", a-t-il lâché.
Il est le seul Français à avoir tenu son rang de favori et permet aux Bleus d'éviter de sortir de "leurs" Jeux sans Marseillaise, en attendant la compétition par équipes mixtes samedi.
"Il n'est pas normal, à 30 ans tu ne gagnes plus en judo, et lui le fait à 35", a salué le président de la fédération française Stéphane Nomis, reconnaissant envers le champion d'avoir "sauvé" ces Jeux.
- "Battre un certain Nomura" -
La vasque olympique, allumée avec Marie-José Pérec aux Tuileries la semaine dernière, ne lui suffisait pas: Teddy Riner a enflammé l'Arena Champ-de-Mars. Et inscrit son nom, à jamais, dans le panthéon du sport. C'est le premier judoka à réaliser le triplé olympique en +100 kg après Londres-2012 et Rio-2016.
Cet exploit n'avait été réalisé qu'une fois, par le super-léger japonais Tadahiro Nomura (1996, 2000, 2004). Mais avec sa médaille d'or par équipes aux JO de Tokyo et ses deux médailles de bronze (2008, 2021), ainsi que ses onze titres mondiaux, il surpasse tout.
"Ça fait plaisir de battre un certain Nomura", a-t-il souri, fier de ses "Jeux olympiques parfaits" à la maison, où il avait pris rendez-vous pour devenir ce "recordman incontesté".
Kim Min-jong, qui a battu le Japonais Tatsuru Saito, un autre favori, en demie, n'a pas fait le poids face au "vieillard", comme Riner s'est défini en parlant de sa longévité extraordinaire.
Le judoka de 35 ans, qui veut poursuivre l'aventure jusqu'à Los Angeles en 2028 ("laissez-moi le temps, mais c'est l'objectif!"), a montré à la jeune génération qu'il était encore le patron.
Kim a été balayé sur un harai-goshi d'école (mouvement de hanche) alors qu'il ne restait que 16 secondes avant la prolongation. Un spectaculaire épilogue, célébré d'un poing levé puis d'une liesse avec le public.
Après la Marseillaise, il s'est jeté dans les bras de ses parents et d'autres proches, puis d'Emmanuel Macron. Il a ensuite pris des photos avec l'autre médaillée française du jour, Romane Dicko, en bronze et déçue (+78 kg), et pris le temps pour quelques selfies et autographes.
- Seul au monde -
Seul avec sa médaille, il s'est ensuite allongé sur le tatami où il venait d'écrire le nouveau chapitre de sa légende. Seul au monde.
Le colosse de 2,03 m et 140 kilos avait pourtant commencé sa journée poussivement contre l'Emirati Magomedomar Magomedomarov, disqualifié en prolongation pour non-combativité.
En quarts, Riner a écarté le Géorgien Guram Tushishvili, vice-champion olympique en titre. Un combat qui a failli finir... en bagarre. Projeté sur le dos après 2 min 39, le Géorgien a fait tomber le Français et semblait vouloir en découdre alors que le combat était terminé. Il a été disqualifié.
- "Objectif" 2028 -
Ce combat "lui a permis de se lâcher. Au fur et à mesure de la journée, il est monté en puissance. Là, il a su redevenir lui-même, un grand champion", a estimé son entraîneur Christian Chaumont, pour qui Riner est "quelqu'un qui sait très bien gérer le stress".
Notamment celui de l'Arena du Grand Palais éphémère qui a, sans doute, un peu inhibé d'autres judokas. En demie, c'est après 1 min 45 que Riner a placé un somptueux o-soto-gari (grand fauchage extérieur) contre Rakhimov.
Il assurait alors cette sixième médaille olympique qui fait de lui le judoka le plus médaillé de l'histoire depuis 1964 et l'entrée du judo aux JO, au Japon. Dès samedi il pourrait en avoir une autre.
En attendant 2028 à Los Angeles? "Laissez-moi le temps, mais c'est l'objectif!".