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Pour la première fois depuis les Jeux olympiques de 2000, la légende de l'athlétisme Allyson Felix ne participera pas aux JO, qui débutent vendredi à Paris, mais continue à faire bouger les lignes de son sport deux ans après l'arrêt de sa carrière.
A 38 ans, l'athlète féminine la plus médaillée de l'histoire (11 médailles olympiques dont 7 en or, 20 médailles mondiales dont 14 en or) est revenue pour l'AFP sur les temps forts attendus au Stade de France pendant les JO et sur son engagement pour aider les sportives à revenir au plus haut niveau après leur grossesse.
Question: Pour la première fois depuis plus de 20 ans, vous n'allez pas participer aux Jeux olympiques. Qu'est ce que ça vous fait?
Réponse: C'est très bizarre. Il y a des moments où je me dis que je devrais être là et m'activer, me préparer pour courir. J'étais dans le village olympique l'autre jour et c'est une sensation vraiment étrange. Mais d'un autre côté, j'ai aussi un sentiment de gratitude immense pour toutes les éditions auxquelles j'ai pu participer (cinq, d'Athènes-2004 à Tokyo en 2021, NDLR) et je vais désormais les vivre d'une autre manière, avec ma famille, en allant voir des épreuves".
Q: Y a-t-il des épreuves que vous souhaitez voir en particulier?
R: "Le sprint masculin! Je pense que ça peut être plus serré que ce qu'on imagine. C'est dur de faire un pronostic, Noah (Lyles, triple champion du monde en titre) a l'air en superbe forme et il a été impressionnant lors des sélections américaines mais je ne pense pas que la victoire soit jouée d'avance. Il y a Kishane (Thompson, Jamaïcain et meilleur performeur mondial sur 100 m cette saison) aussi, il est nouveau, c'est intéressant. Mais je veux aussi voir les 400 m haies, hommes et femmes, et emmener ma fille voir de la gymnastique et de la natation".
Q: Vous êtes la dernière Américaine à avoir été titrée sur 200 m, en 2012. Cette année, votre compatriote Gabby Thomas est parmi les favorites, ça vous fait quoi?
R: "Je m'attends à ce qu'elle performe. On a une très bonne relation et on se parle régulièrement. Je pense qu'elle est en forme et qu'elle est confiante. J'ai vraiment hâte de voir ce 200 m. Je ne sais pas trop comment va Shericka (Jackson, sprinteuse jamaïcaine championne du monde en 2023) mais j'espère que tout le monde est en forme et que ça va être une belle bataille".
Q: Depuis plusieurs années, vous militez pour aider les jeunes mères à revenir au plus haut niveau après leur grossesse et, cette année, vous avez ouvert la première crèche du village olympique. Pourquoi cette idée?
R: "Ca m'est venu après avoir eu ma fille (en 2018). La première année, je l'emmenais partout en compétition et c'était très difficile donc quand j'ai été nommée à la commission des athlètes du Comité international olympique (elle est désormais candidate pour y être élue, NDLR), je voulais vraiment rendre les choses plus faciles pour les mères lors des compétitions. Les JO arrivaient et j'ai pensé à cette idée de crèche. C'est un bon point de départ mais la garde d'enfants est une énorme barrière (pour les mères athlètes) et je veux que l'initiative aille au-delà des Jeux et que ça devienne la norme dans les grandes compétitions. C'est ma priorité mais il y a aussi d'autres choses à mettre en place, que ce soit via des fonds pour financer la garde d'enfants, l'aide pour trouver des sponsors après la grossesse, pour rendre les choses plus faciles en pratique".
Q: Il est possible qu'une femme noire devienne présidente des Etats-Unis en novembre et le soit pour les JO-2028 à Los Angeles. Ca représenterait quoi pour vous?
R: "Ce serait monumental. En tant que mère d'une petite fille noire, je veux voir quelque chose comme ça arriver et je veux qu'elle (sa fille) puisse voir qu'il n'y a aucune limite à ce qu'elle peut accomplir... Avec le travail que j'ai mené autour de la santé des jeunes mères, j'ai déjà travaillé avec Kamala (Harris), donc ce serait vraiment génial".
Propos recueillis par Valentine GRAVELEAU et Rob WOOLLARD