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"Animé" par sa quête de troisième médaille d'or olympique chez les lourds, Teddy Riner se projette même jusqu'aux JO-2028 à Los Angeles. Sauf s'il ne "brille pas" à Paris: "ça voudrait dire qu'il est temps de raccrocher", a-t-il dit lors d'un stage de l'équipe de France de judo à Montpellier.
Q: Comment vous sentez-vous ?
R "Je me sens bien, beaucoup d'excitation forcément. (...) J'en suis à me tempérer, à faire mes derniers ajustements avec le staff. L'excitation est là, j'ai hâte d'y être, j'ai envie, ça commence à démanger".
Q: Votre entourage vous décrit comme plus affûté que jamais, est-ce le cas ?
R: "C'est compliqué de me dire que je me sens mieux que toutes les fois où j'ai pu préparer les Jeux. Si eux le disent, alors c'est bon signe, ça veut dire qu'on a bien travaillé, qu'on n'a rien oublié, que j'ai toutes les cartes en mains pour pouvoir bien les distribuer le 2 août".
Q: Est-ce que le temps vous a paru long depuis trois ans, depuis Tokyo ?
R: "Non. Tout arrive à point à qui sait attendre. Je n'ai pas vu l'olympiade passer, le fait d'être parti un petit peu aux quatre coins du monde pour aller chercher la concurrence, je crois que ça m'a redonné une seconde vie, ça m'a fait beaucoup de bien, et c'est pour ça que je parle très souvent de Los Angeles".
Q: Est-ce qu'un autre résultat qu'une médaille d'or serait décevant ?
R: "Bien sûr, forcément je serais déçu, ne pas briller, ne pas réussir à la maison. La chance que j'ai, c'est que j'ai connu ça, j'ai des bagages pleins d'or. Donc ça voudrait dire qu'il est temps pour moi de raccrocher. Mais voilà, la gourmandise, l'envie d'aller chercher encore une médaille d'or, c'est ce qui m'anime, c'est pour ça que je vis".
Q: Est-ce qu'il y a un adversaire que vous redoutez davantage ?
R: "Non. Mais le jour des Jeux, vous avez beau être suffisamment armé, ça va être du combat. Il ne faut rien lâcher. C'est combat après combat. Ne pas croire qu'on va arriver en finale comme ça. Il n'y a pas de petits JO, pas de chemin facile. On casse des bouches et on se hisse en finale, c'est tout".
Q: L'équipe de France de foot est en demi-finale de l'Euro sans avoir marqué de but dans le jeu. Est-ce qu'en sport le résultat est plus important que la manière ?
R: "Je peux comprendre que certains fans soient frustrés du fait qu'on se soit hissé en demi-finale sans un but franc, de ne pas voir une grosse attaque. Parfois, c'est comme ça. Si aujourd'hui, vous me proposez un contrat avec marqué +je gagne les Jeux qu'avec des shido (sur pénalités, NDLR)", vous allez voir dix signatures de ma part. Et si vous me proposez un contrat où je gagne peut-être, mais avec du judo, je vais vous signer celui où je gagne avec les pénalités. A la fin, on ne se souviendra que de la victoire. Alors oui, il y a des grands frustrés parce que tu n'as pas un beau judo à la japonaise. Mais je sais qu'aux Jeux, ça va fermer. En face, il y aura des personnes qui ne vont pas livrer bataille, qui vont jouer petit bras".
Q: Vous l'espérez comment la cérémonie d'ouverture ?
"J'espère honnêtement qu'on va conserver cette cérémonie d'ouverture sur la Seine. Je trouvais ça joli, emblématique. La Seine, la Tour Eiffel derrière, ça peut être quelque chose de magnifique. C'est la grande surprise. On aimerait bien savoir aussi qui est le dernier porteur de flamme. C'est un peu mystérieux. J'ai entendu Zidane. (...) J'aimerais bien quelqu'un du monde olympique. C'est les Jeux olympiques. On parle assez de foot".
Propos recueillis par Olivier LEVRAULT