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"S'il y a un problème de coordination, la course est fichue", lance le para-athlète malvoyant Guillaume Junior Atangana qui rêve d'offrir de l'or à l'équipe des réfugiés sur le 400 m aux Jeux paralympiques de Paris avec son guide et compagnon d'exil.
"Nous devons être une même personne", résume Guillaume Junior Atangana, 25 ans, porte-drapeau de l'équipe des réfugiés, au sujet de sa relation avec son guide Donard Ndim Nyamjua, de sept ans son aîné.
Le duo concourra samedi dans la catégorie T11 des Jeux paralympiques, celle dédiée aux aveugles et malvoyants.
Avant de rallier Paris, c'est à Reims (Marne), sur la piste d’athlétisme du Creps, que les deux athlètes ont achevé leur préparation avec l'équipe des réfugiés - la plus importante jamais constituée pour des Jeux paralympiques.
Échauffement simultané, foulées symétriques: les deux athlètes, qui ont commencé à s'entraîner ensemble au Cameroun en 2019 avant de s'installer en Angleterre en 2022, sont un groupe dans le groupe, et déroulent sur le tartan ocre une chorégraphie impeccable.
Au son du top départ de l'entraineur, les deux silhouettes bondissent côte à côte, et les deux corps seulement reliés par une cordelette tenue en main courent en miroir jusqu'à la ligne d'arrivée.
A charge de Donard Ndim Nyamjua de garder le sprinteur dans son couloir, de l'informer sur sa position, et, au dernier moment, de le laisser franchir en premier la ligne d'arrivée. "Si le guide traverse avant, c'est la disqualification", explique-t-il.
Après avoir terminé quatrième aux Jeux de Tokyo en 2021 sous la bannière du Cameroun, Guillaume Junior Atangana ne veut pas passer à côté du podium à Paris.
- Duo de réfugiés -
L'athlète, "né dans le sport" en 1999 au Cameroun, se rêvait footballeur. "Mais la vie ne me l'a pas permis", lance-t-il pudiquement.
A l'âge de six ans, une réaction allergique à un médicament antipaludique lui fait perdre progressivement la vue. Un handicap qu'il peine d'abord à accepter, avant de subir plusieurs opérations. "Aujourd'hui, je ne vois que de la lumière", précise-t-il.
Pendant plusieurs années, le sport de haut niveau lui paraît inaccessible. "Je n'arrivais pas à croire que les non-voyants pouvaient courir, réaliser de belles performances", se souvient l'athlète, inspiré par les succès du sprinteur français Timothée Adolphe, de dix ans son ainé.
A Dubaï, en 2016, il participe à sa première compétition internationale, gagne une médaille au 200 mètres. "C'est là où tout a commencé."
Épaulé par son guide, l'athlète ne rougit pas de ses rêves de médaille d'or à Paris. "J'ai travaillé longtemps pour ça et je sais ce que j'ai dans les jambes".
Avec l'espoir d'accéder à une opération pour retrouver la vue, le coureur est arrivé en 2022 au Royaume-Uni. Sa passion pour la course à pied et son guide sont restés les deux camarades indéfectibles de son quotidien : Donard, qui a aussi obtenu le statut de réfugié, vit et s'entraine avec lui à Bradford, dans le nord de l'Angleterre.
"Ils se complètent bien, que ce soit leurs petites blagues ou la manière dont ils travaillent ensemble", observe Israel Harrison, 18 ans, qui guide Guillaume sur le 100 m depuis quatre mois.
Sur le bord de la piste d'athlétisme du Creps de Reims, les deux sportifs se déplacent quasiment sans effort de coordination visible. Si les débuts ensemble n'ont pas "toujours été faciles", les deux hommes ont appris à compter l'un sur l'autre.
"Quand je suis arrivé en Angleterre, j'étais blessé, c'est grâce à (Guillaume) que je suis aujourd'hui debout. Parce qu'à un moment, je voulais abandonner", témoigne Donard Ndim Nyamjua. "C'est lui qui était mon guide".
Une solidarité d'autant plus nécessaire que les deux athlètes nourrissent les mêmes ambitions aux Jeux paralympiques. "Le guide aussi, c'est un athlète. Si (Guillaume) a une médaille, moi aussi", rappelle Donard Ndim Nyamjua.