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Une ferveur à nulle autre pareille, un palmarès unique en France: en dépit d'une moindre publicité du sport féminin, Metz vibre pour ses Dragonnes, l'équipe de handball de la ville.
Ils seront 5.000 au rendez-vous samedi pour accueillir le CSM Bucarest en quart de finale retour de Ligue des champions, à guichets fermés aux Arènes de Metz. Après leur victoire en Roumanie à l'aller (27-24), les Dragonnes apparaissent en situation idéale pour s'offrir un Final Four européen les 1er et 2 juin à Budapest, deux ans après leur troisième place dans la compétition reine.
Parmi ces passionnés, Solange et Dominique Hardouin, un couple de retraités, suit l'équipe à domicile comme à l'extérieur depuis dix ans. Au hand, "il y a moins de friction" qu'au football, estime Dominique Hardouin avant un match contre le grand rival brestois, quand sa femme explique que le programme de la famille est basé sur le calendrier des Dragonnes: pas question de partir en vacances s'il y a un match à domicile.
- Palmarès record en France -
"Les Dragonnes à Metz, c'est +the place to be+ actuellement" pour Thierry Weizman, président du club. Pour lui, ce succès auprès du public est "assimilé à l'idée de travail, à l'attachement etc."
Metz Handball attire au-delà de la Moselle, avec des partenaires luxembourgeois ou de la région Grand Est. En partie grâce à ces partenaires et à l'attachement d'un territoire, il a évité de disparaître lorsqu'il affichait, en 2005, un déficit record de 1,4 million d'euros. Le club a le deuxième budget du pays, avec 4,3 millions d'euros, loin derrière son principal adversaire, Brest (7,7 millions).
"Le public extraordinaire" de Metz "renvoie l'ascenseur", selon Thierry Weizman. "On est chaud patate!", renchérit Christian Paul, un supporter. Pour lui, les Dragonnes donnent "une très bonne image du sport", avec un jeu "physique mais sans agressivité", un "très bon état d'esprit".
Si les Lorraines pourraient abandonner cette édition à Brest, elles ont remporté huit des dix derniers titres de championnes de France, et une qualification samedi leur offrirait une troisième participation en cinq Final Four. Le club entraîné par Emmanuel Mayonnade fournit à l'équipe de France de nombreuses joueuses cadres comme la gardienne Hatadou Sako, les ailières Chloé Valentini et Lucie Granier ou le pivot Sarah Bouktit, championnes du monde en 2023.
Avec ses 25 titres nationaux (loin devant l'US Ivry et ses neuf sacres), le Metz Handball féminin est un des clubs de sport collectif les plus titrés en France, devant le Stade toulousain en rugby masculin (22) ou son homologue du hand masculin Montpellier (14) par exemple, mais derrière Chamonix en hockey sur glace masculin (30).
"Gagner un titre +one shot+, c'est déjà difficile, mais rester en haut du pavé, avec 25 titres en une trentaine d'années, je trouve que c'est formidable", se félicite son président.
Le palmarès des Dragonnes est régulièrement cité en exemple par le maire, François Grosdidier. Des panneaux publicitaires pour le club ont également été installés dans des rues à l'automne.
- Ancrage local -
Le centre de formation est reconnu. La championne du monde Grâce Zaadi, aujourd'hui au CSM Bucarest, y est passée et Metz Handball compte plus de 500 licenciés. Deux autres joueuses de Bucarest sont passées par Metz: la gardienne Laura Glauser et l'arrière Laura Flippes...
Cet engouement "nous permet de continuer à nous pousser", selon la gardienne Camille Depuiset, en Lorraine depuis deux ans. Elle reconnaît toutefois une différence avec ses homologues masculins, handballeurs professionnels: "On a moins de moyens" malgré "les mêmes efforts", selon elle.
En France en première division, le salaire moyen des joueuses était la saison passée de 2.807 euros mensuels brut hors primes, selon la fédération.
Face au succès de son équipe de coeur mais au manque de moyens du sport de haut niveau féminin, la supportrice Solange Hardouin espère l'arrivée d'un "gros investisseur". M. Weizman regrette: "On n'a toujours pas trouvé de (modèle économique) pour le hand féminin."