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Pas de doublé 100 m-200 m pour Julien Alfred: l'Américaine Gabby Thomas l'a privée d'or sur le demi-tour de piste aux Jeux de Paris mardi soir au Stade de France, où Jakob Ingebrigtsen a carrément été éjecté du podium du 1.500 m.
Médaillée de bronze olympique du 200 m à Tokyo en 2021, Thomas s'est cette fois offert son premier titre international individuel, en 21 sec 83 (vent: -0,6 m/s), avec 25 centièmes d'avance sur Alfred (22.08). Une autre Américaine complète le podium, Brittany Brown, troisième en 22 sec 20.
"C'est la consécration d'un plan sur lequel je travaille depuis six ans, depuis que je suis partie au Texas, explique-t-elle. Je ne me souviens de rien, juste du moment où je passe la ligne d'arrivée."
Privé successivement à Paris de ses cartes maîtresses Shelly-Ann Fraser-Pryce (100 m) et Shericka Jackson (100 m et 200 m), la double championne du monde en titre du 200 m, vraisemblablement blessées, le sprint jamaïcain féminin est absent des podiums olympiques du sprint court pour la première fois depuis près d'un demi-siècle (1976).
A 27 ans, Thomas permet aux Etats-Unis de reconquérir l'or olympique du 200 m pour la première fois depuis 2012. C'est alors Allyson Felix, devenue une des légendes de l'athlétisme et justement son idole de jeunesse, qui avait été couronnée.
- Deuxième médaille de Sainte-Lucie -
Thomas, qui s'entraîne à Austin sous la direction de Tonja Buford-Bailey, médaillée olympique du 400 m haies en 1996, se distingue par une scolarité brillante: elle est diplômée d'une licence ("undergraduate") à Harvard en neurobiologie et d'un master en santé publique orienté sur l'épidémiologie du sommeil à l'Université du Texas. Des sujets d'intérêt venant de son petit frère, autiste, et de son frère jumeau, victime de troubles de l'attention (TDAH).
"Je ne peux pas imaginer une vie où je ne ferais que de l'athlétisme à 100%. Il faut garder un équilibre, je suis quelqu'un de très occupée, j'ai besoin d'être stimulée", expliquait-elle à l'AFP en 2022.
En mai 2020, Thomas avait été provisoirement suspendue pour trois manquements à ses obligations de localisation antidopage en un an, avant d'être blanchie par l'autorité antidopage, qui en avait supprimé un.
S'il n'y a pas d'or pour Alfred sur la ligne d'arrivée cette fois, la sprinteuse de Sainte-Lucie offre néanmoins à son île caribéenne de moins de 200.000 habitants la deuxième médaille olympique de son histoire.
"Ça représente beaucoup. On n'avait jamais eu de médaille avant ces JO, apprécie-t-elle. Mentalement et physiquement, j'étais fatiguée."
- "Erreur tactique" -
Jamais deux sans trois pour Ingebrigtsen. Sur 1.500 m, la distance qui a fait de lui un champion olympique il y a trois ans, à vingt ans seulement, le phénomène norvégien restait sur deux désillusions majeures aux deux derniers Mondiaux.
En 2022 comme en 2023, un Ecossais après l'autre, Jake Wightman et Josh Kerr, lui avaient chipé l'or mondial en le croquant dans les 200 derniers mètres.
La déconvenue a été encore plus grande sur la piste violette du Stade de France: aux avant-postes tôt dans la course, ce qui n'est pas son habitude, Ingebrigtsen a une fois de plus été dépassé, mais cette fois par trois adversaires, ce qui l'a tout bonnement éjecté du podium.
C'est l'Américain Cole Hocker, passé à la corde, qui s'est paré d'or, en 3 min 27 sec 65, nouveau record olympique, devant Kerr (3:27.79, record de Grande-Bretagne) et un autre Américain, Yared Nuguse (3:27.80).
Grimaçant, Ingebrigtsen n'a terminé que quatrième en 3 min 28 sec 24.
Que s'est-il passé ? "C'est une très bonne question. C'est évidemment une erreur tactique de ne pas avoir été capable de ralentir mon allure pendant les 800 premiers mètres. J'y suis allé un peu trop fort", regrette-t-il.
"C'était une stratégie osée, visiblement il est parti un peu trop vite, ça n'a pas fonctionné pour lui aujourd'hui (mardi) mais ça a créé une course géniale", estime Kerr.
Comme aux Mondiaux d'Eugene (Etats-Unis) et de Budapest, Ingebrigtsen tentera de prendre sa revanche sur 5.000 m, distance dont il est double champion du monde en titre.
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