Partager:
Pas un Français dans le Top 20 mondial pour la première fois depuis 12 ans, pas un Bleu en quarts de finale de Grand Chelem cette saison. Le tennis masculin traverse une crise qui risque de durer.
A quelques semaines de la fin de la saison, le constat est sans appel, malgré les finales perdues dimanche de Gaël Monfils (33e mondial) à Anvers et d'Adrian Mannarino (44e) à Moscou, deux tournois mineurs. Il suffit de regarder le classement ATP, et attendre quelques secondes en lisant nom après nom avant que celui d'un Français n'apparaisse. Celui de Lucas Pouille, qui pointe à la 23e place.
Pas mieux si l'on s'attarde sur les résultats en Grand Chelem cette saison. Les deuxièmes semaines n'ont pas connu une si faible affluence tricolore depuis 18 ans. Une année noire. Et pas vraiment de signes d'espoir à l'horizon. A l'heure où la génération des nouveaux Mousquetaires (Tsonga -hors du Top 100 (113e) pour la première fois depuis 2007-, Monfils, Gasquet, 28e, Simon, 32e), désormais trentenaire, tire tout doucement sa révérence, sans qu'il ne faille exclure d'ici là un exploit de l'un d'eux, la relève se fait douloureusement attendre.
- Vide -
Désigné comme l'héritier principal de ce quatuor doré, Lucas Pouille, qui avait marqué les esprits en battant Nadal à l'US Open en 2016, mais avec une saison 2018 à jeter aux orties, peine depuis à endosser ce rôle. D'abord parce qu'il est bien seul, et ensuite car le costume est grand à porter. Mais surtout, si l'on regarde derrière le Nordiste, le vertige... Le premier Français de moins de 21 ans, Ugo Humbert, pointe à la 92e place.
Un vide qui ne laisse guère de place à l'optimisme pour la suite.
"C'est une réalité. cela doit nous amener à une remise en cause", analyse Pierre Cherret, le Directeur technique national (DTN) du tennis français. Une remise en cause d'ores et déjà motrice d'un changement d'approche dans la formation et la détection des jeunes selon lui. Mais qui ne portera pas ses fruits avant quelques années.
"Il y a aussi des dogmes avec lesquels on doit rompre", a assuré Arnaud Di Pasquale, ancien DTN, lors d'une chronique sur Eurosport, on est vraiment dans le dogme du top 100 en France, mais cela ne doit être qu'une étape".
Longtemps la France a opposé à cette absence de victoire en Grand Chelem depuis 1983 (victoire de Yannick Noah à Roland-Garros), la densité de joueurs dans ce fameux top 100, faisant de la France la nation la plus prolifique depuis une vingtaine d'années. Cette semaine, par exemple, 10 représentants français en font partie, juste derrière les Etats-Unis (11).
Mais rien ne remplace une place de N.1 mondial ou un titre en Grand Chelem. "Ce n'est pas parce qu'on forme 10, 15 ou même 20 top 100 qu'on a une victoire en Grand Chelem, la preuve", abonde Di Pasquale.
- Suède rayée de la carte -
Certes les Bleus se sont trouvés, depuis 10 ans déjà, face à ce fameux "Big Four" (Nadal, Djokovic, Federer, Murray), un club sans doute le plus fort que le tennis a connu et qui a raflé la plupart des titres. Et pour se rassurer, il suffit de regarder aussi chez les autres. La Suède par exemple, le pays de Borg, Wilander et Edberg, a quasiment été rayée de la carte depuis 10 ans. En Espagne, après la génération dorée des Moya, Corretja ou Ferrer, seul Nadal masque un vide inévitable. Des constats qui sonnent comme un appel à la résilience.
"C'est le sport. Parfois les choses vont bien, des fois moins bien", avait d'ailleurs nuancé Nadal à Roland-Garros. "C'est ainsi que va le sport et l'on ne peut pas non plus être trop pessimiste car votre pays (la France, ndlr) a probablement le plus grand nombre de joueur dans le top 100 mondial. Cela veut dire que vous faites du bon travail de ce point de vue-là".
"Il faut peut-être un peu plus pour remporter un Grand Chelem, mais le travail est là (...) C'est très compliqué de forger de grands champions". La France s'en rend compte chaque semaine.