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Formateur reconnu mais sans expérience sur un banc au haut niveau, le sélectionneur espagnol Luis de la Fuente a, malgré les obstacles et les critiques, ramené avec confiance et sérénité la Roja sur le bon chemin, à une marche d'un quatrième championnat d'Europe.
Surnommé par la presse espagnole "Luis le tranquille", en opposition au caractère volcanique de son prédécesseur Luis Enrique, le technicien de 63 ans est l'architecte du renouveau du football espagnol, qu'il a récupéré au plus bas après l'échec en 8e de finale du Mondial-2022 au Qatar face au Maroc pour l'emmener jusqu'en finale de l'Euro-2024.
Avec les retraites de joueurs majeurs de sa génération dorée, Sergio Busquets ou Jordi Alba, l'ex-latéral de l'Athletic Bilbao a renouvelé l'effectif de la Roja et modernisé son jeu de possession, qui venait de montrer ses limites sans des artistes du niveau des champions du monde Andrés Iniesta, Xavi ou Cesc Fabregas.
Plus directe, l'Espagne de Luis de la Fuente aime toujours avoir le ballon entre ses pieds mais a ajouté de la percussion, de la vitesse et de la verticalité à son jeu collectif, en s'appuyant sur l'explosion des deux jeunes ailiers Lamine Yamal, 16 ans, et Nico Williams, 22 ans, qui ont crevé l'écran en Allemagne.
Invaincue depuis plus d'un an en compétition internationale, la Roja est unaniment reconnue comme la meilleure équipe du tournoi, et son sélectionneur loué de toute part pour son admirable gestion.
- "Pardonnez-nous Luis" -
"Maintenant, tout le monde se tait. Pardonnez-nous Luis, nous ne savions pas ce que nous disions", écrivait mardi le journal Marca, très critique envers lui à ses débuts, notamment après sa défaite contre l'Ecosse (2-0) pour sa deuxième rencontre sur le banc.
"Quel est le plan ?" titrait alors le quotidien sportif, parlant d'une équipe "vulgaire et peu solide, qui paie pour ses erreurs".
"Luis le tranquille", lui, n'avait pas la même vision: "j'ai dit aux joueurs que c'était la voie à suivre". Trois mois plus tard, le jeu lui a donné raison une première fois, faisant mentir ses détracteurs en menant ses hommes vers un premier titre depuis plus de dix ans, la Ligue des nations 2023, remportée aux tirs au but contre la Croatie.
Alors qu'il semblait avoir remis le football espagnol sur les bons rails, celui qui était considéré comme une solution temporaire a bien failli être pris dans la tempête Luis Rubiales, l'ex-président de la Fédération espagnole aujourd'hui dans l'attente de son procès pour agression sexuelle sur la championne du monde Jenni Hermoso.
Sous pression, De la Fuente a été contraint de "demander pardon" pour avoir applaudi le discours incendiaire de l'ex-patron de la RFEF qui refusait alors de démissionner "pour un petit bisou consenti" et fustigeait notamment "le faux féminisme".
La suite? Un carton 7-1 contre la Géorgie et un autre et 6-0 face à Chypre pour sortir la tête de l'eau et se relancer dans les qualifications à l'Euro.
"C'était un match très important pour nous", se rappelait le sélectionneur avant le huitième de finale de l'Euro face à la même Géorgie. "C'est là que nous avions montré que nous sommes une équipe très forte, très engagée, très unie. C'est là que nous avons commencé à utiliser le terme 'famille'".
"Famille", "solidarité", "unité", voilà justement les mots répétés un à un par les joueurs depuis leur arrivée en Allemagne pour qualifier leurs performances.
Tous, titulaires ou remplaçants, encensent leur coach, qui leur a transmis "confiance" et "sérénité".
Une confiance qui s'explique notamment par la sagesse d'un passionné, responsable pendant plus d'une décennie des U19 et des Espoirs, où il a eu sous ses ordres plusieurs de ses joueurs actuels dont Pedri, Mikel Merino, Fabian Ruiz, Rodri, Dani Olmo, Marc Cucurella et Unai Simon, qui ont tous brillé depuis le début de la compétition.
Il leur reste désormais un dernier match pour briller, et faire rentrer leur "Mister" dans l'histoire comme celui qui aura ramené l'Espagne - contre tous les pronostics - au sommet du football mondial.