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Survivante à l'Euro-2024, l'Angleterre peine à honorer son statut de favorite et à exploiter son puissant potentiel avant d'affronter la Suisse, de nouveau au rendez-vous des quarts de finale samedi (18h00) à Düsseldorf.
"Nous avons joué contre des adversaires qui nous ont rendus la tâche très difficile", a reconnu vendredi le sélectionneur Gareth Southgate, néanmoins optimiste: "j'ai l'impression que l'équipe, même à l'entraînement, a changé d'état d'esprit. Elle est plus fluide. Je m'attends à ce que nous jouions bien samedi".
Les "Three Lions" ne sont qu'à deux foulées de la finale du 14 juillet, à Berlin, et pourtant ils semblent loin du compte après un premier tour laborieux et un huitième au dénouement heureux contre la Slovaquie (2-1).
L'étiquette de grands favoris qu'ils avaient eux-mêmes assumée avant l'Euro s'est décollée au fil du tournoi, jusqu'à ce premier match-couperet sauvé par un exploit de Jude Bellingham dans le temps additionnel, et remporté par un but de Harry Kane en prolongation.
Seuls le phénomène du Real Madrid et l'attaquant du Bayern Munich ont marqué pour les Anglais en Allemagne: quatre buts au total en quatre matches, un bien maigre butin pour une armada supposée redoutable.
À l'inverse, la Suisse a fait parler la poudre avec sept artificiers différents (Shaqiri, Freuler, Ndoye, Duah, Embolo, Aebischer et Vargas) et dégage une cohérence d'ensemble bien plus nette que son futur adversaire.
"Ils savent avoir la possession, temporiser, puis d'autres fois jouer plus défensif. Ce qui restait encore un problème, c'était la finition. Mais là, sur cet Euro, ça fonctionne pas mal, avec parfois des buteurs un peu inattendus", observe Laurent Favre, journaliste pour le média suisse Le Temps.
- Des Suisses "confiants" -
"Nous sommes en bonne forme, nous sommes confiants et nous avons montré depuis plusieurs matches que nous pouvions rivaliser avec de grandes équipes", a relevé vendredi le sélectionneur Murat Yakin.
La "Nati" a fait du petit bois de l'Italie (2-0), championne d'Europe sortante, pour atteindre les quarts d'un Euro pour la seconde fois de son histoire, et la seconde fois d'affilée, trois ans après avoir renvoyé à la maison les Bleus de Kylian Mbappé.
Cette régularité nouvelle et remarquable pour un pays de moins de 9 millions d'habitants est aussi un legs de Vladimir Petkovic, l'ancien sélectionneur (2014-2021), qui leur "a fait comprendre qu'ils devaient viser plus haut", explique M. Favre.
L'histoire ne plaide pas en faveur des Suisses face aux Anglais, qu'ils n'ont battus qu'une fois sur les vingt-quatre dernières confrontations (2-1 en mai 1981), mais la dynamique actuelle dit autre chose.
L'Angleterre de Southgate apparaît en décalage complet avec les attentes nées au pays. Son jeu manque de fluidité et d'idées, et l'impatience gagne les supporters, dont certains ont pris en grippe le sélectionneur.
"Je suis désolé pour Gareth", a déclaré Phil Foden aux journalistes cette semaine. "Nous (les joueurs) devons être des leaders. Lors des matches, nous aurions pu être un peu plus ensemble et trouver une solution".
L'ailier ou meneur offensif de Manchester City, élu meilleur joueur de la saison en Premier League, symbolise le grand écart entre le potentiel anglais et la réalité, bien moins flamboyante qu'attendue.
"Dans votre club, vous connaissez les mouvements de chaque joueur par coeur, vous faites les choses sans réfléchir. Avec l'équipe nationale, vous n'avez pas la même cohésion. Mais il a fait un travail fantastique pour l'équipe", l'a défendu vendredi le sélectionneur.
- Nouveau système ? -
L'animation et les intentions ont été défaillantes, mais Southgate est resté fidèle à un système et à une équipe-type, résistant aux appels au changement lancés de toute part.
La suspension du défenseur central Marc Guéhi, samedi, va toutefois le pousser à modifier ses plans.
Il pourrait revenir à une défense à trois, comme lors de la Coupe du monde 2018 (élimination en demi-finales) et au précédent Euro en 2021 (défaite en finale). Ainsi, Foden pourrait retrouver un poste plus central, avec Bellingham à ses côtés et derrière Kane.
La Suisse évolue d'ailleurs dans ce système avec Ricardo Rodriguez, Manuel Akanji et Fabian Schär, une association à près de 270 sélections en cumulé, guidée par l'expérimenté Yann Sommer, gardien de l'Inter Milan.
Le vainqueur de ce duel affrontera la Turquie ou les Pays-Bas, le 10 juillet à Dortmund.