Partager:
Mercredi matin, au lendemain de la défaite 2-0 à Wembley contre l'Angleterre, les commentateurs se posent deux questions: qu'a-t-il manqué à cette équipe d'Allemagne, pétrie de talents individuels ? Et Flick peut-il hisser ce groupe au niveau supérieur, ou devra-t-il tout remodeler?
Les joueurs eux-mêmes, et le désormais ex-sélectionneur Joachim Löw ont leur réponse à la première question:
"Ce qui manque, c'est le sang-froid à certains moments, l'instinct du tueur, l'expérience. A chaque match nous avons eu des moments où nous n'étions pas à 100% (...) mais la qualité est là, l'état d'esprit aussi", estime Löw, qui a rendu après 15 années en poste les clés d'une sélection qu'il a menée au titre de champion du monde en 2014.
Invoquer le manque de maturité, ou d'expérience, est peu convaincant, s'agissant d'un groupe de 27,6 ans de moyenne d'âge, où quatre champions du monde 2014 occupaient des postes de cadre: Manuel Neuer, Mats Hummels, Toni Kroos et Thomas Müller.
"Un peu désespérant"
Pour le capitaine Neuer, le problème est plus dans l'attitude: "L'envie que les Anglais ont montrée dans les situations où ils ont marqué était supérieure à la nôtre", a-t-il dit à chaud.
"Je n'ai pas vu cette ambition, cette volonté, cette combativité", tacle Lukas Podolski, lui aussi champion du monde 2014 et consultant pendant l'Euro. "Tout ça était un peu désespérant, quand tu vois les visages des joueurs, il ne se passe rien."
Que peut donc faire Flick, alors que le Mondial-2022 au Qatar se profile dans dix-huit mois, et que sa Fédération lui demandera surtout d'être compétitif dans trois ans, pour l'Euro-2024 en Allemagne ?
Pour les experts, il est clair qu'il ne va pas jeter aux orties le travail de Löw, dont il fut l'adjoint pendant des années.
"Nous avons de jeunes joueurs qui vont apprendre de cette expérience, a dit Löw mercredi soir, ils vont fortement progresser dans les deux ou trois ans à venir, et l'Euro-2024 sera le sommet de leur carrière. On peut attendre d'eux de belles choses."
De son passage triomphal au Bayern (sept titres en 19 mois, dont la Ligue des champions 2020), Flick a gardé des liens très proches avec les joueurs du "Rekordmeister", dont Thomas Müller, qu'il a remis en selle à près de 30 ans.
Mais aussi les incontournables Joshua Kimmich et Leon Goretzka, ainsi que la petite perle de 18 ans Jamal Musiala, qu'il a fait débuter chez les pros. Il devrait logiquement s'appuyer sur eux.
Kroos et Gündogan sur le départ ?
"Thomas Müller ne va pas arrêter de lui-même sa carrière internationale, et Hansi ne va certainement pas l'écarter", prédit ainsi Lothar Matthäus, le recordman des sélections allemandes (150), très proche de Flick. "Dans un an et demi au Qatar il faudra avoir une équipe solide, et Thomas y a sa place."
Le gardien Neuer, à 35 ans, semble toujours au sommet de sa forme et n'est pas menacé.
La presse allemande spécule en revanche sur une fin de carrière internationale pour Kroos et Ilkay Gündogan. Leur départ permettrait de replacer Kimmich - latéral droit avec Löw - en milieu récupérateur axial, là où il a fait merveille à Munich sous Hansi Flick.
Quant à Hummels, il laisse ouverte la question de son avenir: "Je n'y ai pas encore pensé, je veux d'abord déconnecter quelques jours", a-t-il dit, sous le coup de la déception.
L'arrivée de Flick aux commandes va se faire en douceur, avec des matches contre le Liechtenstein, l'Arménie et l'Islande début septembre en qualifications pour le Mondial-2022. Mais l'Allemagne a déjà grillé un joker dans ce groupe en s'inclinant en mars à domicile contre la Macédoine du Nord (1-2). Hansi Flick mesure l'ampleur de la tâche qui l'attend.