Partager:
L'ancien patron de la Ligue professionnelle Frédéric Thiriez, candidat en mars prochain à la présidence de la Fédération (FFF), veut un "plan de sauvetage" pour soulager le football amateur, en train selon lui "d'être asphyxié", annonce-t-il mercredi dans un entretien à l'AFP.
L'avocat, soutenu par l'ex-international Basile Boli, milite pour une démarche "participative" et veut doubler le nombre de licenciés en dix ans pour atteindre "quatre millions de licenciés dont un million de filles".
Q: Pourquoi vous lancer maintenant, comme premier candidat, à la présidence de la FFF ?
R: "J'ai envie d'être encore utile au foot. Le football français traverse une crise sans précédent. C'est la crise du football amateur qui me motive le plus. Le foot amateur, c'est la raison d'être de la Fédération. Je veux remettre le football amateur au cœur du projet fédéral. Bien sûr, il y a l'équipe de France, c'est la vitrine, c'est ce qui nous fait rêver. Mais dans le football, c'est la masse qui fait l'élite."
Q: Votre image d'avocat parisien, ancien patron du football professionnel parfois en conflit avec les supporters, ne va-t-elle pas vous desservir ?
R: "Je ne crois pas. Je me suis trouvé être président de la Ligue professionnelle pendant 14 ans (2002-2016), mais mon engagement dans le foot remonte à bien plus loin. J'ai commencé à la Fédération dans les années 1990, et le cœur de mon engagement citoyen c'est le football de base. J'ai toujours défendu l'idée qu'il était absurde d'opposer le monde amateur au monde professionnel. Regardez Basile Boli, c'est un exemple formidable de ce que le football peut offrir comme rêve, comme ascension sociale."
Q: Comment comptez-vous convaincre sur le terrain ?
R: "Je vais accélérer mes déplacements sur les territoires, car le projet que je veux présenter à l'Assemblée fédérale (lors de l'élection du 13 mars, NDLR) sera un projet participatif. Je ne veux pas imposer les choses d'en haut, de manière verticale ou autoritaire. Ça, c'est fini. Je veux aller voir les gens sur le terrain, entendre leurs soucis, leurs aspirations, leurs besoins. Et sur la base de ce que j'aurai entendu, je présenterai mon projet."
Q: Vous souhaitez mettre à profit les anciens internationaux. Comment ?
R: "Premièrement, je veux créer un conseil des sages, composé d'une quinzaine d'anciens internationaux qui donnerait son avis sur les questions sportives. Deuxièmement, j'aimerais que ces internationaux volontaires aillent prêcher la bonne parole dans les Ligues, les districts, les clubs, et même dans les écoles. C'est à l'école que ça se passe. On est très en retard en France en termes de licenciés."
Q: Quel est votre objectif chiffré sur ce point ?
R: "Le doubler en dix ans. Je pense que ce n'est pas un rêve. Il faut que la France ait des ambitions. La mienne, c'est d'arriver d'ici dix ans à quatre millions de licenciés dont un million de filles. On a un progrès énorme à faire en termes de féminines."
Q: La Fédération a débloqué 30 millions d'euros cette année pour le foot amateur. C'est insuffisant ?
R: "Le monde amateur est en train d'être asphyxié: baisse du nombre de licenciés, perte des sponsors, perte des recettes annexes, découragement des bénévoles, insuffisances des aides de l'Etat et fédérales. Je milite pour un plan de sauvetage du football amateur qui mette à contribution la fédération, les collectivités locales et l'Etat. Il y a beaucoup de clubs amateurs qui ont des salariés: ils n'ont pas bénéficié d'exonérations de charges sociales alors que les clubs professionnels ont pu en bénéficier ! Pourquoi ? Cela n'est pas normal. Il faut que tout le monde s'y mette pour passer ce cap épouvantable de la crise."
Q: Comment jugez-vous l'action de Noël Le Graët ces derniers mois, notamment dans la gestion de la crise ?
R: "Je ne vais pas faire campagne contre Noël Le Graët, que je connais bien et avec qui j'ai travaillé pendant 25 ans. Je vais faire campagne pour un projet. Après tout, c'est une élection, que le meilleur gagne."
Q: Comment moderniser en interne à la Fédération, ballottée par des tensions ?
R: "Je veux faire ce que j'ai fait à la Ligue: un projet d'entreprise avec l'aide d'un cabinet de conseil. L'idée est de mettre tous les salariés par petits groupes autour d'une table pour discuter ensemble des missions, des moyens et des hommes et des femmes. Cela fonctionne. Je pense que cela permettra de calmer les difficultés. En matière de management et de relations humaines, j'ai de l'expérience."
Propos recueillis par Antoine MAIGNAN