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Selon la chanson, à 20 ans rien n’est impossible. Pour Delphine Thirifays, c’est à 25. Championne du monde de sa discipline du duathlon amateur alors que, de ses propres mots, elle espérait seulement “finir la course”, la Liégeoise a créé l’exploit en s’imposant au bout de l’effort. 10 km à pied, puis 150 à vélo et enfin, en dessert, une nouvelle trentaine de bornes à pied, le tout dans des conditions météo démentielles. “C’était mon premier full-distance, l’objectif était vraiment de le terminer. Plus de 8 heures d’effort sous la pluie, ça n’a pas été une partie de plaisir.”
Mais finalement les jambes ont parlé, et Delphine a triomphé dans sa catégorie. Face à une cinquantaine de concurrentes amatrices et une vingtaine de professionnelles, elle terminera même 7ème au classement combiné.
"La seule sportive de la famille"
Si elle est devenue une grande sportive, ce n’est pas génétique. “Mon père m’a toujours soutenue dans mes projets, il était toujours derrière moi, explique la championne. Mais l’amour du sport est venu un peu par hasard, j’ai commencé et j’ai accroché. Pour tout dire, je suis presque la seule sportive de la famille !”
Avant de se spécialiser en endurance, Delphine a touché à d’autres sports comme, par exemple, le basket. Mais “je me suis vite rendu compte que j’étais meilleure en sport de fond. Néanmoins la course à pied est un sport assez traumatisant pour le corps, je me suis blessée assez souvent, du coup j’ai rajouté le vélo à ma panoplie, un sport beaucoup moins douloureux.”
Depuis plusieurs années maintenant, Delphine s’entraine pratiquement quotidiennement pour se former une condition qui a pu lui permettre d’être là où elle est actuellement. "Un entraînement-type pour préparer une compétition de duathlon ça représente deux entraînements sur une même journée où j’essaye de faire un enchaînement course à pied-vélo ou l’inverse. Dans ce cas-là, ça représente des journées de minimum 3-4 heures d’entraînement. Enfiler son jogging pour aller courir à 22h, ce n’était pas toujours évident." Et pour un championnat du monde ? "6 mois de préparation, et peut-être parfois plus d’heures d’entraînement !"
La championne évoque évidemment le dépassement de soi, mais pas seulement : "Le besoin de sortir de sa zone de confort pour apprendre à se connaître davantage. Je dois dire que le sport m’a apporté énormément dans la vie, tant sur le plan physique qu’humain." Force est de constater que tous ces sacrifices n’auront pas été vains.
En sport amateur, on ne gagne rien financièrement. "Vraiment rien du tout. Dans mon cas, seulement un beau maillot de championne du monde et une ligne de palmarès." De quoi donner envie de passer pro ? Pour Delphine, vivre en Belgique est plutôt un handicap dans cet objectif. “J’aimerais bien, c’est un peu un rêve, mais... en Belgique, on a peu d’aides de la Ligue, peu de soutien financier. Je dois tout financer moi-même actuellement : mes voyages, mon staff.”
Pas résignée mais réaliste, la jeune femme compte cependant vivre du sport, mais d’une autre manière. Après avoir fait des études d’éducation physique, elle se lance actuellement en tant qu’indépendante, dans le coaching sportif. “Avec le sport, ça fait des semaines chargées. Je tourne autour de 20 heures de sport par semaine, et ça a tourné encore plus pour la préparation du championnat du monde.” détaille-t-elle. Son titre vient donc récompenser tous ces efforts. “Je n’ai que 25 ans, mais ça sonne déjà comme l’accomplissement d’une carrière !”
Une carrière qu’elle a commencée il y a plusieurs années maintenant et qui lui aura permis d’emmagasiner souvenirs et rencontres. "Si je devais sortir un moment inoubliable, ce serait un souvenir d’un jogging il y a 3 ans maintenant. J’étais en tête de la course avec Céline Dispas, une autre coureuse de la région de Liège. À un moment donné, mon lacet s’est défait. Céline m’a alors attendue le temps que je le refasse pour qu’on puisse continuer notre duel dans la course. J’ai vraiment été touché par ce geste de fair-play venant d’une adversaire."
Des futurs objectifs caritatifs
En avril, Delphine s’était donné un challenge. Rouler l’équivalent du Tour d’Italie féminin en 9 jours soit plus ou moins 1.000 km. Elle avait associé l’ASBL “Leg’s Go” à son projet, une association qui finance des prothèses pour sportifs amputés. “Le manque de compétition dû au Covid m’a donné cette idée !Puis c’était l’occasion de se donner un objectif personnel. Les gens pouvaient faire des dons pendant la course, ça a été une belle réussite !” Prochaine idée ? Rouler Milan-San Remo, soit plus de 300 bornes, en un jour, toujours soutenue par une association. “ Je prends une petite pause en ce moment, mais je compte bien réaliser cet objectif un jour ou l’autre !“