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"Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste", écrivent dans le journal Le Monde une centaine de comédiennes, écrivaines, chercheuses ou journalistes, rejetant le "puritanisme" apparu depuis les premières accusations de harcèlement et agression sexuelle visant le puissant producteur américain. Selon elles, si "une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre professionnel" a eu lieu après l'affaire, "cette libération de la parole se retourne aujourd'hui en son contraire: on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices ! ".
"Campagne de délations", "justice expéditive": des hommes ont été "sanctionnés dans l'exercice de leur métier, contraints à la démission, alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses +intimes+ lors d'un dîner professionnel ou d'avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque", soutiennent-elles, évoquant une "vague purificatoire". Pour ce collectif, "cette fièvre à envoyer les +porcs+ à l'abattoir, loin d'aider les femmes à s'autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment (...) que les femmes sont des êtres à part, des enfants à visage d'adulte, réclamant d'être protégées".
"En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d'une haine des hommes et de la sexualité", poursuivent les signataires de ce texte, disant défendre "une liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle".