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Les institutions musulmanes de Belgique se sont insurgées samedi des "déclarations infondées du ministre de la Justice" à propos des soupçons d'espionnage pour le compte du Maroc qui pèsent sur la Grande mosquée du Cinquantenaire, à Bruxelles.
Certains nouveaux dirigeants de la Grande mosquée, désignés dans l'optique de mettre un terme à l'influence de l'Arabie Saoudite, sont soupçonnés par la Justice d'espionnage pour le compte du Maroc. Le ministre Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a ainsi rendu un avis négatif, sur la base d'éléments de la Sureté de l'État, concernant la reprise des activités du lieu de culte.
"Au nom de l'Exécutif des musulmans de Belgique, de l'Association de gestion de la Grande Mosquée de Bruxelles et du Conseil de coordination des institutions islamiques de Belgique, nous ne pouvons qu'exprimer nos regrets quant à la suspension du processus de reconnaissance de la Grande mosquée de Bruxelles, malgré un travail de longue haleine constructif et concerté avec les pouvoirs publics", déplorent les institutions dans un communiqué commun.
"Nous réfutons toute accusation relative aux pseudo ingérences des pays étrangers et d'espionnage, qui sont totalement infondées", poursuivent-elles, jugeant "diffamatoire, injurieux et calomnieux de déclarer que nos membres seraient des espions à la solde de pays étrangers". "Nous considérons ce discours comme une ingérence manifeste dans les affaires du culte islamique", ajoutent-elles, en appelant à la liberté de culte et aux principes de neutralité et de séparation entre "l'Église et l'État".
Elles regrettent également que leur demande de réunion avec le ministre concernant un rapport d'évaluation soit restée lettre morte. Elles reprochent en outre à Vincent Van Quickenborne de vouloir définir des qualifications pour le culte musulman. Le ministre a estimé vendredi que "l'EMB devrait promouvoir un islam progressiste compatible avec les valeurs de notre société".
Il reproche ainsi à l'Exécutif musulman de ne compter aucune femme parmi ses représentants, qui ne reflèteraient en outre pas la diversité linguistique au sein de l'islam belge. Enfin, alors que le ministre a dit souhaiter un renouvellement de tous les organes de l'EMB, ce dernier a souligné qu'il n'appartenait "pas aux politiques de lancer un appel aux communautés religieuses quant au choix de leurs représentants". Les institutions musulmanes de Belgique concluent en affirmant toutefois rester ouvertes au dialogue avec les pouvoirs publics.