Partager:
"Meurtre d'un jeune homme connu des services de police à Schaerbeek [...] C'est injuste, même si la personne est connue des services, c'est pas une raison de le tuer", nous écrivait Yassine ce jeudi aux alentours de 21h via le bouton orange Alertez-nous. Ce jeune schaerbeekois de 25 ans a souhaité nous alerter pour que nous enquêtions sur la mort floue de Mounir survenue après une intervention policière dans la nuit de mercredi à jeudi. Ce vendredi, Hinde, la grande soeur de la victime nous a aussi contacté via le bouton orange Alertez-nous afin d'apporter des précisions sur les circonstances de la mort de Mounir et "dénoncer ces bavures policières".
Que s'est-il passé dans la nuit de mercredi à jeudi ?
Une hémorragie cérébrale d'après notre alerteur et la soeur de Mounir
"C'est un gars de mon quartier, je le connais depuis tout petit", débute Yassine, contacté par téléphone. Selon Yassine, Mounir "a été arrêté en soirée avant-hier (mercredi 28 au soir) pour X raison, je ne la connais pas. Mais il a ensuite été tabassé à mort et transféré à l'hôpital". Toujours d'après lui, Mounir aurait ensuite "fait une hémorragie et est décédé le lendemain (jeudi 29) à l’hôpital". Yassine n'a pas été témoin de la scène mais il a appris la triste nouvelle par des gens de son quartier qui pleuraient le décès de Mounir. "Il était très apprécié. Tout le monde pleure sa mort, nous ne l'oublierons jamais", témoigne Hinde, la grande soeur de Mounir.
Mounir avait un hématome dans le cerveau
Nous avons contacté Hinde afin d'en savoir plus sur les circonstances de la mort de son petit frère. Elle raconte tout en détail depuis le moment de son arrestation dans la nuit de mercredi à jeudi aux alentours de 4h du matin jusqu'au moment de son décès ce jeudi 29 à 18h40. "Je suis allée le voir à l'hôpital hier (jeudi 29), il était balafré de partout comme s'il avait reçu des coups", nous explique sa soeur, encore sous le choc des évènements. "Le médecin lui a fait un scanner et Mounir avait un hématome dans le cerveau", continue-t-elle. Pour Hinde, pas de doute, son frère a bel et bien "reçu plusieurs coups".
A 18h40 le même jour, Mounir "est décédé des suites de ses blessures, il a eu une hémorragie cérébrale", précise sa soeur. Son petit frère de 26 ans "est mort dans (ses) bras" à l'hôpital, explique-t-elle. "Je suis anéantie, c'est horrible. Je n'arrive même pas à exprimer ce que je ressens", témoigne Hinde la gorge nouée et la voix serrée par les derniers évènements. "C'était un bon garçon, aimé de tous. Ça ne peut plus durer", termine-t-elle.
"Décédé de ses blessures" après un arrêt cardiaque d'après la zone de police Bruxelles-Nord
Contactée, la porte-parole adjointe de la zone de police Bruxelles-Nord confirme qu'une intervention policière a bien eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi rue du Brabant à Schaerbeek après que des témoins ont appelé la police. "Nos services sont intervenus pour une personne nue sur la voie publique qui était en train d’endommager un véhicule", précise la porte-parole adjointe. "La personne semblait fort agitée et sous l'influence de substances" et a vomis sur la voie publique, d'après les informations communiquées par la zone de police.
"Les policiers ont donc appelé une ambulance" sur le lieu de l'intervention afin de le prendre en charge au vu de son état d'agitation, d'après la porte-parole adjointe. Durant le transfert entre le lieu de l'intervention et l'hôpital, "le jeune homme a eu un arrêt cardiaque" dans l'ambulance, toujours selon les informations de la police. Les secours l'ont "par la suite réanimé mais il est décédé de ses blessures à l’hôpital en fin d'après-midi", ajoute la porte-parole adjointe sans préciser de quelles blessures Mounir est décédé.
Une autopsie demandée par le Parquet pour déterminer les circonstances exactes de la mort de Mounir
Sur demande du Parquet, un médecin légiste effectuera une autopsie du corps de Mounir afin de "déterminer les circonstances exactes du décès", termine la porte-parole adjointe de la zone de police Bruxelles-Nord. Une autopsie qui "peut prendre plusieurs semaines" avant les résultats complets à cause des nombreux examens qui devront être réalisés comme "une analyse toxicologique", détaille la porte-parole du Parquet de Bruxelles. Sa famille attend cette autopsie avec impatience, comme en témoigne la soeur de la victime, Hinde.
Pour le moment, difficile donc de savoir comment est décédé Mounir. Et surtout, à cause de quoi puisque la version de la police et celle de la famille divergent. L'autopsie devra donc permettre d'en savoir plus sur les circonstances de sa mort. Mais il faudra attendre plusieurs semaines avant de pouvoir en déterminer les causes exactes.
Une marche blanche déjà prévue pour lui rendre hommage
Selon Yassine, ce flou autour de la mort de Mounir va venir raviver le décès d'Ibrahima (ndlr, Ibrahima, 23 ans, est décédé des suites d'une intervention de la police Bruxelles-Nord au mois de janvier) chez les habitants du quartier. "Il va y avoir des émeutes comme avec Ibrahima", estime ce jeune Schaerbeekois.
Hinde, de son côté, nous informe qu'une marche blanche a dores-et-déjà été prévue dans les prochains jours afin de rendre hommage à son défunt frère. Mais aussi, pour alerter sur les "bavures policières qui ne cessent pas". Pour le moment, pas de date précise pour cette marche blanche, Hinde nous communiquera la date dès que le rassemblement sera organisé.