Partager:
Trois grandes mosquées et des fédérations musulmanes réunies à la Mosquée de Paris lundi ont condamné les "appels injustifiés au boycott des produits français", le terrorisme et "tous ceux qui instrumentalisent l'islam à des fins politiques", dans une déclaration commune.
Ce texte, présenté à la presse, a été signé par les Grandes mosquées de Paris, Lyon, et de Saint-Denis de La Réunion, ainsi que trois fédérations musulmanes.
"Il y a des moments où nous devons être solidaires avec notre pays qui subit, depuis quelques semaines, des attaques injustifiées", écrivent les signataires en préambule, rappelant par ailleurs que le "droit français accorde une très large place à la liberté d'expression et édicte les principes de croire ou de ne pas croire".
Certains des signataires font partie du Conseil français du culte musulman (CFCM), principal interlocuteur des pouvoirs publics, mais ce texte n'a pas été approuvé par l'institution. Son président Mohammed Moussaoui a, selon eux, été "invité" à le signer, mais ce dernier assure à l'AFP "n'avoir pas été associé à cette démarche".
Le texte, qui doit être diffusé en ligne en français, anglais et arabe, consiste en une quadruple condamnation.
D'abord la "condamnation des appels injustifiés au boycott des produits français. Puis celle de "tous ceux qui instrumentalisent l'islam à des fins politiques, diplomatiques ou mercantiles pour induire en erreur nos concitoyens et nos coreligionnaires".
Les signataires dénoncent aussi le "terrorisme et toute forme de violence qui s'exprime au nom de notre religion". Enfin, ils s'insurgent contre les "appels au meurtre lancés par des responsables étrangers".
Par ailleurs, ils demandent aux autorités françaises de prendre "des mesures fortes pour que la composante musulmane de France (...) ne soit pas amalgamée avec les semeurs de haine".
Cette déclaration intervient alors que des manifestations anti-françaises avec des appels à boycotter les produits français, ont eu lieu dans plusieurs pays musulmans, du Pakistan au Mali en passant par le Qatar.
Les manifestants protestent contre des déclarations d'Emmanuel Macron défendant le droit à la caricature, après la décapitation le 16 octobre par un islamiste de l'enseignant Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, représentations que l'islam dans son interprétation stricte interdit.
"Au mieux il y a eu une incompréhension d'un certain nombre de pays musulmans, et au pire il y a eu une manipulation, un certain nombre de mensonges qui ont été répétés", a estimé Anouar Kbibech, ancien président du CFCM et président du Rassemblement des Musulmans de France (RMF), qui a signé le texte.
"Il est totalement faux de dire que les musulmans de France vivent un apartheid ou une islamophobie ou un racisme d'Etat", a-t-il martelé.
Emmanuel Macron a tenté d'apaiser la colère ce week-end en assurant comprendre, dans un entretien à la chaîne Al-Jazeera, que des musulmans puissent être "choqués" par les caricatures de Mahomet, dénonçant les "manipulations" et "la violence".