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G20: la guerre commerciale affectera la croissance, met en garde le FMI

En ouverture du G20 des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales, samedi à Buenos Aires, la patronne du FMI Christine Lagarde a réitéré sa mise en garde: la guerre commerciale va affecter la croissance mondiale.

"Dans le pire des cas, les mesures (commerciales) actuelles pourraient avoir un impact à hauteur de 0,5 point (de baisse) du PIB mondial" en 2020, a averti Christine Lagarde lors d'une conférence de presse.

Les Etats-Unis ont durci ces derniers mois leur politique commerciale, érigeant des barrières douanières ou menaçant de sanctions les pays commerçant avec l'Iran.

"Cette guerre commerciale ne fera que des perdants, elle détruira des emplois et pèsera sur la croissance mondiale. Nous appelons les Etats-Unis à la raison, au respect des règles multilatérales et au respect de leurs alliés", a pour sa part déclaré à l'AFP le ministre français des Finances Bruno Le Maire à Buenos Aires, où se tient samedi et dimanche le G20 des ministres des Finances.

- "Loi de la jungle" -

"Américains et Européens sont alliés, nous ne pouvons pas comprendre comment nous, Européens, sommes touchés par l’augmentation de tarifs commerciaux décidés par les Etats-Unis", a dit le ministre français, qui devait rencontrer dans l'après-midi le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.

Pour la France, il est urgent de "réformer le multilatéralisme commercial. Le commerce mondial ne peut pas reposer sur la loi de la jungle. Discutons dans un cadre multilatéral. La bonne façon de régler les problèmes, c’est une discussion Etats-Unis, Europe, Chine", a insisté Bruno Le Maire.

De son côté, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a appelé la Chine et l'Union européenne à faire des concessions pour parvenir à une relation commerciale plus équilibrée, après les déclarations fracassantes de Donald Trump qui a traité d'"ennemis" commerciaux Pékin, Bruxelles et Moscou.

Les Etats-Unis sont engagés à résorber leur déficit commercial avec la Chine (376 milliards USD en 2017) et Trump a menacé d'imposer des taxes punitives sur la totalité des importations chinoises, qui représentaient 500 milliards de dollars en 2017.

Loin de minimiser les propos du président américain, M. Mnuchin a dit que c'était "réellement une possibilité réaliste". "Nous avons été très clairs quant à nos objectifs", a-t-il ajouté à Buenos Aires.

Il s'est notamment élevé contre les pressions chinoises de transfert de technologies par le biais de joint ventures quand des entreprises veulent s'installer et commercer en Chine.

"Il y a une grande opportunité, si nous parvenons à un accord, qui sera bonne pour la Chine, bonne pour leur économie et bonne pour les entreprises américaines".

A l'adresse des Européens, Steven Mnuchin a renouvelé le message américain délivré lors du G7: "Si l'Europe croit dans le libre-échange, nous sommes prêts à signer un accord de libre-échange sans droits de douanes, ni subventions".

Pékin accuse Washington de vouloir provoquer "la pire guerre commerciale de l'histoire économique" et a réagi en imposant de nouvelles taxes sur des produits américains.

Des pourparlers bilatéraux sont prévus entre Mnuchin et ses pairs français, allemand, japonais, canadien, sud-coréen, italien et mexicain.

Le protectionnisme de la Maison Blanche affecte Pékin mais aussi ses principaux partenaires tels que l'Union européenne, le Canada ou le Mexique.

- Taxer les géants du numérique -

Pour tenter d'apaiser les relations avec les Etats-Unis, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker doit se rendre mercredi à Washington où il rencontrera le président américain.

D'après la chancelière allemande Angela Merkel, l'Europe est "prête" à riposter si les Etats-Unis relèvent ses taxes sur les importations de véhicules européens, une grande préoccupation pour les constructeurs automobiles allemands.

Autre tension entre UE et Etats-Unis: la demande de Washington d'isoler économiquement l'Iran est rejetée par les Européens, qui ont adopté un instrument juridique pour protéger les entreprises européennes présentes dans ce pays, qui entrera en application le 6 août, date du premier volet des sanctions américaines.

En vertu du principe d'extraterritorialité du droit américain, Washington compte pénaliser entreprises et personnes physiques qui commercent avec l'Iran. Nombre de grandes entreprises européennes, comme le groupe pétrolier Total, ont décidé de se retirer d'Iran s'ils ne sont pas exemptés des sanctions américaines.

Pour l'instant, Washington a refusé d'en dispenser les entreprises européennes après avoir dénoncé l'accord sur le nucléaire avec l'Iran.

Le G20 Finances abordera ce week-end les menaces qui planent sur la croissance mondiale et les risques de crise dans les pays émergents, ainsi que la taxation des géants du numérique, qui sont pour l'instant peu imposés.

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