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Un attentat, attribué à "une femme", a visé dimanche le coeur battant d'Istanbul, principale ville et capitale économique de la Turquie, faisant au moins six morts et des dizaines de blessés dans l'artère commerçante très fréquentée d'Istiklal.
L'explosion de forte puissance, qui a fait également 81 blessés dont deux dans un état critique, selon un dernier bilan, est survenue vers 16H20 (13H20 GMT), au moment où la foule était particulièrement dense dans ce lieu de promenade prisé des Stambouliotes et des touristes.
L'attaque n'avait pas été revendiquée en milieu de soirée.
Devant la presse, le vice-président Fuat Oktay a accusé dimanche soir "une femme" d'avoir "déclenché la bombe".
Le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, a ensuite évoqué un "sac" déposé sur un banc: "Une femme s'est assise sur un banc pendant 40 à 45 minutes et, quelque temps après, il y a eu une explosion. Toutes les données sur cette femme sont actuellement en cours d'examen", a-t-il poursuivi.
"Soit ce sac contenait un minuteur, soit quelqu'un l'a activé à distance", a-t-il ajouté.
En fin de soirée, le Ministre de la Santé Fahrettin Koca a annoncé que "42 blessés (sont) toujours hospitalisés, dont cinq en soins intensifs, deux dans un état critique".
Le président Recep Tayyip Erdogan avait le premier dénoncé un "vil attentat", juste avant de s'envoler pour l'Indonésie et le sommet du G20 à Bali: "Les premières observations laissent subodorer un attentat terroriste", avait affirmé le chef de l'Etat, ajoutant qu'"une femme y serait impliquée".
"Les auteurs de ce vil attentat seront démasqués. Que notre population soit sûre (qu'ils) seront punis", a promis M. Erdogan qui avait déjà été confronté à une campagne de terreur à travers le pays en 2015-2016.
Revendiquée en partie par le groupe Etat islamique, elle avait fait près de 500 morts et plus de 2.000 blessés.
Assourdissant
La police a aussitôt établi un large cordon de sécurité pour empêcher l'accès à la zone meurtrie par crainte d'une seconde explosion. "J'étais à 50-55 mètres de distance, il y a eu soudain un bruit d'explosion. J'ai vu trois ou quatre personnes à terre", a déclaré à l'AFP un témoin, Cemal Denizci, 57 ans.
"Les gens couraient en panique. Le bruit était énorme. Il y a eu une fumée noire. Le son était si fort, presque assourdissant", a-t-il rapporté.
Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux au moment de l'explosion, celle-ci, accompagnée de flammes, a été entendue de loin et a déclenché un mouvement de panique.
Plusieurs corps gisant à proximité sont visibles sur les images.
Dans le quartier voisin de Galata, beaucoup de boutiques ont baissé leurs rideaux avant l'heure. Certains passants, arrivés en courant du lieu de l'explosion, avaient les larmes aux yeux, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le Haut conseil audiovisuel turc (RTUK) a rapidement interdit aux médias audiovisuels de diffuser des images de la scène pour "empêcher de semer la peur" et de "servir les objectifs d'organisations terroristes".
L'accès aux réseaux sociaux a également été restreint en Turquie après l'attentat, selon l'observateur des restrictions en ligne Netblocks.
Une rue déjà visée
L'émotion était intense en fin de journée dans ce quartier d'Istanbul déjà durement éprouvé par le passé. Le match du club stambouliote de Besiktas a été annulé.
La rue Istiklal, qui signifie "l'Indépendance", dans le quartier historique de Beyoglu, est l'une des plus célèbres artères de la ville, entièrement piétonne sur 1,4 km. Tours illuminée, sillonnée par un vieux tramway, bordée de commerces et de restaurants, elle est empruntée toute l'année par des millions de locaux et de touristes.
Elle avait déjà été frappée en mars 2016 par une attaque suicide qui avait fait cinq morts.
Cet attentat, qui survient à sept mois d'élections présidentielle et législatives cruciales, a suscité de nombreuses condamnations et expressions de solidarité dans le monde - Pakistan, Inde, Italie, Allemagne, où réside une importante communauté turque, Qatar, Jordanie ou Arabie Saoudite...
"Toutes nos pensées au peuple de Turquie en ces temps difficiles", a tweeté le président du Conseil européen Charles Michel. Le secrétaire général de l'Otan, dont la Turquie est membre, a exprimé sa "solidarité avec notre allié", ainsi que la Suède, candidate à l'entrée dans l'Alliance atlantique.
La Maison Blanche, dans un communiqué, a assuré que les Etats-Unis "se tiennent épaule contre épaule avec notre allié turc au sein de l'Otan dans la lutte contre le terrorisme".
Depuis la France qui commémorait dimanche les 130 morts des attentats du 13 novembre 2015, le président Emmanuel Macron a assuré: "Aux Turcs: nous partageons votre peine".
Enfin, Israël, avec lequel la réconciliation vient d'être scellée, affirmait que "la terreur ne gagnera jamais". Et Athènes, malgré des relations tendues avec Ankara, a présenté "ses sincères condoléances au gouvernement et au peuple turcs".