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Combinaison blanche sous un soleil de plomb, les quatre fossoyeurs désinfectent le cercueil, puis le portent en terre. Pas de famille, pas de couronne. Dans ce cimetière de l'ouest du Venezuela, les plus humbles n'ont rien à débourser pour enterrer leurs proches morts du Covid-19.
D'ordinaire, la crémation coûte 200 dollars, une somme astronomique dans ce pays en crise où le salaire mensuel minimum équivaut environ à trois dollars.
Depuis que la pandémie est arrivée au Venezuela en mars, 16 défunts ont été enterrés dans ce coin du cimetière municipal de San Cristobal, à quelques kilomètres de la Colombie.
Mais, mesures sanitaires obligent, les inhumations se font sans les proches. Un déchirement dans cette région du Venezuela où les cérémonies funéraires attirent normalement proches, amis, collègues et voisins des défunts par dizaines.
"La famille ne peut pas être présente à l'enterrement. Pourquoi ? C'est notre protocole de sécurité. Seuls les fossoyeurs peuvent être là", explique Fermin Perez qui travaille depuis 30 ans au cimetière de San Cristobal.
Seule concession: "les proches peuvent nous apporter une croix avec le nom du défunt, que nous apposerons par la suite", dit René Perez, régisseur du cimetière.
Le personnel, mais aussi le cercueil et le corbillard sont systématiquement désinfectés après chaque enterrement, souligne Ronald Zerpa de la Protection civile locale.
La peur de tomber malade "est toujours là, mais notre protocole est solide", assure un employé qui, il y a quelques mois, n'aurait jamais cru que la pandémie due au nouveau coronavirus déferlerait sur le Venezuela.
Selon les chiffres officiels, 49.877 cas ont été recensés pour 402 décès liés à la maladie au Venezuela. Mais l'opposition et des ONG comme Human Rights Watch estiment que ces chiffres sont largement en deçà de la réalité.