Le corps d'une femme enceinte, victime d'une attaque de chiens, a été retrouvé samedi dans une forêt de l'Aisne, où elle était partie promener son chien, et où se tenait au même moment une chasse à courre. Les chiens de chasse s'en sont-ils pris à la promeneuse? Pour le déterminer, la justice française a fait des prélèvements sur 67 chiens au total.
Quels chiens ont tué Elisa Pilarski? Ou était-ce un seul chien? La jeune femme de 29 ans, enceinte de six mois, est décédée d'une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu'à la tête. Au moment des faits, elle se promenait avec l'un de ses chiens (elle en détenait cinq, ndlr) dans une forêt de l'Aisne (nord de la France) dans laquelle se tenait au même instant une chasse à courre (chasse qui consiste à poursuivre un animal sauvage, ndlr). Un juge d'instruction va dès lors mener une enquête pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement résultant de l'agression commise par des chiens".
Les chiens, c'était sa passion
La jeune femme était spécialisée dans le dressage de chiens et passionnée de compétition sportive canine. Toujours selon le parquet, les prélèvements effectués sur les chiens sont terminés. "Après rectification du nombre de chiens qui ont fait l'objet de ces prélèvements, celui-ci est finalement de 67 chiens: les cinq chiens du couple et 62 chiens de l'association le rallye de la passion", a précisé le parquet.
Le mari d'Elisa est catégorique: "Ce ne sont pas des chiens errants qui ont fait ça"
Selon le mari d'Elisa Pilarski, qui a tenté de secourir sa femme après un appel à l'aide reçu par téléphone, une trentaine de chiens de chasse à courre étaient présents autour d'elle lorsqu'il l'a trouvée. "Quand je suis allé voir dans le ravin, j'ai vu une trentaine de chiens arriver sur moi. Donc, je m'écarte. Quand je me penche à nouveau pour regarder où était Curtis (le chien du couple qu'Elisa Pilarski promenait, ndlr), je pense qu'il est sur un tronc d'arbre. Je descends le précipice pour le chercher et en m'approchant, j'ai découvert qu'il ne s'agissait pas d'un tronc d'arbre. Il s'agissait du ventre de ma femme qui était à découvert. Elle a été déshabillée entièrement. Elle était dévorée de partout".
"Ce ne sont pas des chiens errants qui ont fait ça, estime-t-il. Et notre chien présentait aussi des morsures à la tête".
"Ils ne sont pas dressés ni sélectionnés pour s'attaquer à l'homme"
Les chiens de chasse à courre s'en sont-ils pris à la promeneuse? Pour tenter d'en savoir plus sur le comportement de ces animaux, nos reporters Christophe Clément et Alain Hougardy ont rencontré un professeur d'université spécialisé dans le comportement animal. Selon lui, ce n'est pas dans la nature des chiens de chasse à courre de s'attaquer à l'être humain. "Les chiens de chasse à courre sont sélectionnés et sont dressés à poursuivre avec acharnement toujours la même espèce animale, soit le chevreuil (semble-t-il c'était le cas), le cerf ou le sanglier, explique Jean-Marie Giffroy, professeur honoraire d'éthologie animale à l'université de Namur spécialiste du comportement des chiens. Ces chiens ne sont pas sélectionnés ni dressés pour chasser l'homme. Et puis, il y avait quelqu'un avec eux. (…) Les chiens de chasse à courre ne vont pas nécessairement très vite. Il est donc possible pour un homme à cheval en tout terrain de suivre au plus près la meute pour contrôler ce qui se passe. (…) On parle peut-être de chiens errants. On ne peut pas non plus exclure que la malheureuse personne ait été mordue par son propre chien".
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