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Début décembre, les autorités ont imposé le port du masque dans les écoles dès la première primaire. Aujourd'hui, 210 psychologues, médecins et enseignants demandent de supprimer cette mesure à travers une carte blanche.
Parmi ces voix qui s'élèvent contre la décision, il y a celle d'Aurore Arnould. Notre journaliste Simon François a interrogé la psychologue dans le RTL INFO 13H.
Simon François: Selon vous, porter le masque à 6 ans peut être dangereux pour le développement des enfants? Pourquoi?
Aurore Arnould: La première des choses qui nous inquiète, c'est le climat anxiogène dans lequel les enfants sont plongés, en particulier depuis deux semaines. Ça fait deux ans presque de pandémie et de situation sanitaire, les enfants sont déjà assez impactés. Mais le port du masque ramène cette anxiété à l'intérieur de l'école et les impacte au premier chef. Ce qui nous inquiète, c'est une grande anxiété. C'est de retrouver des enfants qui vont être en état de stress chronique et qui vont développer des symptômes post-traumatiques. On a peur que les enfants se retrouvent, soit fort déprimés, soit plutôt irritables. Et donc qu'ils manifestent leur mal-être par des symptômes physiques, par un refus d'aller à l'école, par une peur d'aller à l'école. Il y a la peur de contaminer les autres qui est fort présente, qu'on entend de plus en plus. Donc des enfants qui s'inquiètent, même en étant dans la rue, de risquer de contaminer la vieille personne qu'ils viennent de croiser. Donc une sur-responsabilisation des enfants.
Simon François: Certains parents affichent leur opposition aux masques aujourd'hui (ndlr: lors d'une manifestation à Bruxelles). Comment peuvent se sentir leurs enfants lorsqu'ils arrivent en classe et que là le masque est obligatoire.
Aurore Arnould: C'est une problématique préoccupante aussi. On a des enfants qui risquent de se retrouver en conflit de loyauté. Donc entre ce que dit l'institutrice, l'imposition du masque à l'école, la peur de déplaire, la peur de malfaire et d'être sanctionné à l'école, et à la fois l'injonction des parents de ne pas le porter. Notre demande, c'est que cette responsabilité ne pèse pas sur les épaules des enfants, mais qu'elle puisse être prise par les parents, par les enseignants, par les directeurs d'écoles et surtout par notre gouvernement. Et que cette mesure puisse tomber pour éviter de plonger les enfants dans ce climat de stress.
Simon François: On a beaucoup parlé de la détresse psychologique des adolescents lors des premiers confinements. Vous craignez que cette détresse se déplace aujourd'hui vers les plus jeunes?
Aurore Arnould: Non, on ne craint pas qu'elle se déplace, on craint qu'elle s'ajoute. Donc la détresse des adolescents, elle est là et elle ne s'est pas apaisée. On a eu un afflux inédit de demandes d'ados qui a saturé les services de pédopsychiatrie, de santé mentale, les plannings familiaux, les cabinets privés des psys indépendants. On a peur qu'à cela s'ajoute en plus la détresse des enfants.