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La cour d'assises du Luxembourg a condamné vendredi, Clara Maes, 89 ans, à 10 ans de prison pour le meurtre de sa vieille amie Suzanne Thibeau, 93 ans, commis le 3 janvier 2015 à Libramont. L'avocat général avait réclamé une peine de minimum 10 ans de prison tandis que la défense proposait une peine de 5 ans avec sursis probatoire pour permettre à l'octogénaire de purger sa condamnation dans la maison de retraite où elle réside depuis 2 ans, avec comme condition d'y rester. La défense estimant qu'elle n'y représentait pas un danger. Aucun sursis, vu la hauteur de la peine, n'est accordé à l'octogénaire.
La peine n'a cependant pas immédiatement été mise à exécution à l'égard de Clara Maes, qui comparaissait libre. Elle a donc pu quitter le palais de justice à l'issue de l'audience pour retourner dans sa maison de repos. Il appartient désormais au parquet de faire ou non appliquer la peine.
Le corps sans vie de Suzanne Thibeau, baignant dans son sang, avait été retrouvé au domicile de la nonagénaire, le 3 janvier 2015, à Libramont par un couple d'amis. Au fil de l'enquête, les soupçons s'étaient portés sur sa vieille amie, Clara Maes, qui lui avait encore rendu visite le matin même comme elle en avait l'habitude quasi chaque jour pour l'aider dans des tâches ménagères. Mais l'octogénaire avait toujours nié toute implication dans la mort de la nonagénaire.
Bien qu'inculpée finalement de meurtre en juillet 2015, Clara Maes n'a jamais été placée sous mandat d'arrêt en raison de son grand âge. Lors de son procès, elle avait répondu ne "pas se rappeler" face à des interpellations sur des éléments du dossier, comme l'existence de dispositions testamentaires à son égard prises par Suzanne Thibeau. Elle avait aussi répondu par un simple "non" à la question de savoir si elle était liée à la mort de son amie.
Elle a choisi de ne pas libérer sa conscience
La défense avait plaidé l'acquittement. Mais le jury a retenu, pour pencher vers une culpabilité, des éléments comme les disputes fréquentes entre celles qui étaient amies, la présence de l'ADN de la victime dans le véhicule de l'accusée par un transfert d'un élément riche comme du sang, la remise à la police par Clara Maes de vêtements qu'elle avait a priori lors de sa visite à la victime le 3 janvier au matin mais qui en réalité avaient été lavés, sa connaissance du patrimoine de la victime ou encore son manque d'explication. "Elle a choisi de ne pas libérer sa conscience", a dit l'avocat général Anne-Sophie Guilmot lors du débat sur le peine. "Mais j'avance une solution de justice".
Pour la représentante du ministère public, la peine ne pouvait être inférieure à 10 ans. "Car notre société ne peut tolérer le meurtre", avait-t-elle justifié. "La prison n'est pas exécutable", a lui soutenu Me Alexandre Mignon, avocat de Clara Maes au regard de l'âge de sa cliente.
La cour et le jury ont admis des circonstances atténuantes comme l'âge de l'accusée ou sa vie exemplaire, y compris à l'égard de la victime.