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"Le peuple congolais est fatigué": des manifestants prennent différentes ambassades pour cible à Kinshasa

Les tirs résonnent encore mardi dans certains quartiers de Goma, grande ville de l'est de la RDC livrée aux combats entre forces armées congolaises et combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises, tandis que dans la capitale Kinshasa des manifestants en colère ont attaqué plusieurs ambassades, dont celle de Belgique.

Ambassades vandalisées, commerces pillés, pneus brûlés : une manifestation organisée mardi à Kinshasa pour dénoncer l'"inaction" de la communauté internationale face au conflit qui fait rage dans l'est du pays, a dégénéré en scènes chaotiques. 

Mort à Kagame, Kagame assassin...

À pied ou à moto, des centaines de manifestants en colère, répondant à l'appel "ville morte" d'un collectif de jeunesse, se sont rendus dans le quartier huppé de la Gombe, dans le nord de la capitale, et ont pris pour cible les ambassades du Rwanda, d'Ouganda, du Kenya, de France, de Belgique et des États-Unis.

Ils accusent le Rwanda et l'Ouganda de soutenir activement le groupe armé du M23 qui, au terme d'une offensive éclair dans le Nord-Kivu, a pénétré dimanche dans la capitale provinciale Goma et en contrôlait mardi l'aéroport après de violents combats. Et les autres pays d'inaction diplomatique.

"Trop, c'est trop", "on va tout détruire ici, aujourd'hui, nous allons en finir avec le Rwanda", lance un manifestant, très applaudi, devant l'immeuble qui abrite l'ambassade du Rwanda à Kinshasa. Une épaisse fumée s'échappe non loin d'un feu alimenté par des pneus. "Mort à Kagame", "Kagame assassin", lance-t-on. 

Le mur d'enceinte de l'ambassade de France est également incendié. Sur celui-ci, on peut lire : "La trahison depuis longtemps... finissons maintenant". Les ambassades de Belgique, des États-Unis et d'Ouganda ont aussi été prises pour cible. "Le peuple congolais est fatigué. Combien de personnes doivent encore mourir ?", déclare un manifestant. 

La situation sous contrôle 

Le ministre des Affaires étrangères belge a réagi ce mardi. En effet, l'ambassade la Belgique à Kinshasa a été prise pour cible. Des manifestants ont bouté le feu sur le portail de l'ambassade. "Je suis tout de suite intervenu auprès des autorités pour que li situation revienne sous contrôle. Les forces de sécurité sont obligées de réagir et de protéger le bâtiment, comme c'est prévu par la Convention", déclare Bernard Quintin. "Personne n'a été blessé ni mis en danger, la situation est désormais sous contrôle", souligne-t-il. 

Sur des images, on voit que deux personnes ont été prises à partie et mises en sécurité. Celles-ci n'ont pas été identifiées. 

La communauté internationale n'agit pas

De son côté, le porte-parole du gouvernement congolais donne sa version des faits : "C'est un effet de masse, de foule. Je ne pense pas qu'il y ait eu d'actions spécifiques contre la Belgique. Mais il y a une perception générale en République démocratique du Congo, que la communauté internationale n'agit pas, n'utilise pas tous les leviers à sa disposition pour contribuer au retour de la paix.", a indiqué Patrick Muyaya. 

Attaques "inadmissibles"

Non loin de là, d'autres manifestants se sont introduits dans un supermarché, emportant lait, poulet, paquets de bonbons... Un jeune homme est blessé à la jambe et saigne abondamment. Les pillards sont trop occupés pour lui venir en aide. 

Dès la matinée, l'appel à manifester avait vidé les rues de la capitale Kinshasa de ses habituels embouteillages monstres. 

Plus tard, les rares véhicules circulant dans la Gombe le font avec une branche d'arbre en évidence, en signe d'adhésion au mouvement anti-Rwanda.

Le gouvernement congolais a présenté "ses regrets suite aux actes de vandalisme commis par les manifestants" et appelé "le personnel diplomatique et étranger à la prudence et à la retenue", selon une note aux missions diplomatiques du ministère congolais des Affaires étrangères. 

La France avait auparavant dénoncé des attaques "inadmissibles", le Kenya soulignant que la mise à sac d'une ambassade constitue une grave violation du droit international.
Les autorités congolaises ont aussi appelé les manifestants à l'apaisement. 

"Nous sommes en droit de manifester notre colère, mais faisons-le pacifiquement, ne nous attaquons pas aux infrastructures consulaires des pays qui sont accrédités en RDC", a déclaré le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya à la télévision d'Etat, RTNC.
 

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