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Les magasins du groupe de distribution Mestdagh vont être rachetés par le groupe Intermarché, a-t-on appris de sources syndicales, alors qu'un conseil d'entreprise extraordinaire était toujours en cours mardi matin chez Mestdagh. L'information a été confirmée par le deux groupes de supermarchés vers 10h30.
Fin décembre, le groupe Mestdagh, qui gère 87 Carrefour Market, essentiellement en Wallonie et à Bruxelles, a mis fin à son partenariat avec Carrefour. La direction avait convoqué un conseil d'entreprise extraordinaire ce mardi pour évoquer "l'évolution de la structure de l'entreprise et les accords commerciaux". Elle y a annoncé avoir accepté une offre de reprise du groupement Les Mousquetaires pour Intermarché. Un préavis d'un an est prévu dans le cadre de la rupture de contrat avec Carrefour. Mestdagh exploitera donc encore les magasins sous cette enseigne tout au long de l'année 2022. L'accord de franchise se terminera le 31 décembre et, moyennant l'approbation des autorités de la concurrence, la reprise par Intermarché sera effective le 1er janvier 2023, précisent Mestdagh et le groupement Les Mousquetaires.
"Cette opération permettra de constituer un acteur significatif de la distribution en Belgique. Avec 87 supermarchés pour Mestdagh et 78 magasins pour Intermarché Belgique, le nouvel ensemble aura une couverture idéale de son territoire et offrira aux consommateurs la force combinée des deux groupes", soulignent ces derniers dans un communiqué.
En Belgique, Intermarché dispose de plus de 90.000 m2 de surface de vente pour un chiffre d'affaires de 780 millions d'euros en 2021. De son côté, le groupe Mestdagh détient plus de 135.000 m2 de surface de vente et a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 694 millions d'euros.
Les conditions de travail y sont moins bonnes
Pour les syndicats chrétien et socialiste, c'est loin d'être une bonne nouvelle pour les travailleurs. "Les travailleurs vont devoir attendre fin 2022 pour savoir à quelle sauce ils vont être mangés", déplore la présidente du Setca, Myriam Delmée. "Il n'y a pas une ligne dans l'accord" sur l'emploi et l'avenir des magasins.
La crainte des syndicats tant socialiste que chrétien réside dans le fait qu'Intermarché travaille exclusivement avec des franchisés. "Et les conditions de travail y sont moins bonnes" que dans le commerce intégré, relèvent Myriam Delmée (Setca) et Evelyne Zabus (CNE). Intermarché "ne s'engage pas sur l'aspect social", "il n'y a aucune garantie sur le type d'emplois" ni sur la survie des magasins, quand parfois certains Intermarché sont à 500 mètres d'un magasin Mestdagh, relève encore Mme Zabus.
L'accord commercial étant suspendu à l'approbation des autorités de la concurrence et Intermarché étant dans une autre commission paritaire que Mestdagh, les représentants des travailleurs "n'ont rien en main" dans les mois qui viennent pour éclaircir quelque peu l'avenir des travailleurs.
Quelque 2.000 personnes sont actuellement employées par Mestdagh, dans les magasins et les dépôts. Chez eux, "le désarroi est important", confirme Myriam Delmée. "Ils se sentent lâchés par l'entreprise", qui avait par le passé porté des valeurs familiales et créé un sentiment d'appartenance, poursuit Evelyne Zabus. "On a du mal à y voir du positif", conclut-elle.