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Une jeune maman vit dans des conditions très compliquées à Chénée. L’appartement dans lequel elle réside pour l’instant avec ses filles et son compagnon pourrait être déclaré insalubre. Elle recherche désespérément un logement.
"Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus vers qui me tourner": c'est un appel à l'aide que lance Kimberley, 21 ans, via le bouton orange Alertez-nous. La jeune maman vit dans un appartement qu’elle qualifie "d’insalubre" depuis près d’un an et multiplie les démarches pour trouver un logement décent, jusqu’ici en vain.
Elle réside en ce moment dans un appartement "sans eau chaude, ni chauffage" à Chénée. Il n’y a "pas de cuisine ou d’électricité conforme, des fils électriques sont apparents à certains endroits". Les murs se fissurent. Et comme si tout cela ne suffisait pas, elle ajoute que "le plafond menace de s’effondrer": "Plusieurs experts sont venus. Je me lève avec la boule au ventre, j’ai peur de me retrouver avec mes bébés dans les décombres. Le bâtiment devrait être fermé, car trop dangereux mais je ne sais pas partir car je n’ai rien derrière et je n’ai pas envie de me retrouver dehors avec mes enfants".
Dans ces conditions, le quotidien de Kimberley est très compliqué: "Pour cuisiner, j’ai acheté une taque, j’ai acheté un évier. J’ai une douche mais pas d’eau chaude donc on se lave à la bassine. En hiver, on utilise cinq petites chaufferettes". Un cadre loin d’être idéal pour élever deux bambins de presque 6 mois et un an et demi.
Elle a accepté de louer cet appartement 550 euros, sans connaître son état réel : "Le propriétaire m’avait dit qu’il ne me demandait pas de caution parce qu’il y avait des petits travaux". Mais, c’est apparemment, "bien plus que quelques petits travaux qui doivent être faits". Depuis, le propriétaire a fait faillite. En accord avec l’avocat qui gère la situation, elle ne paye plus le loyer depuis trois mois et souhaite donc trouver autre chose le plus rapidement possible.
Elle a bien fait quelques visites, mais ça ne marche jamais : "On me dit : pas d’animaux et j’ai deux chiens. On m’a aussi refusé un deux chambres, en disant que c’était trop petit pour deux enfants".
Le cas de Kimberley, malheureusement, est loin d’être un cas isolé. De plus en plus de personnes éprouvent des difficultés à se loger.
Kimberley est bénéficiaire de l’aide sociale. Sans parler de son cas particulier, le CPAS (Centre public d’action social) de Liège nous indique ce qu’il peut faire dans ce genre de situation, à savoir une personne aidée par le CPAS qui vit dans un logement insalubre : "Son assistant social peut requérir du Relais logement une visite par un agent technique qui constatera officiellement l'insalubrité. Les équipes sociales se chargent ensuite d'accompagner la personne dans ses recherches de logement dans le privé ou d'effectuer avec elle les démarches pour une mise à disposition d'un logement social ou un contact avec les agences immobilières sociales".
Même si la CPAS de Liège ne dispose pas de chiffres sur les difficultés de logement et relogement des citoyens, il ne peut malheureusement que constater l’augmentation de cette problématique. Et il n’y a que peu de logements d’urgence, une vingtaine tout au plus, pour dépanner dans les situations les plus graves. C’est très peu, surtout si on met ce chiffre en relation avec la dizaine de milliers de bénéficiaires du CPAS de Liège.
Pour trouver un logement public, Kimberley doit aussi s’inscrire dans une des 62 sociétés de logement en Wallonie.
Deux conditions pour s’inscrire :
1) Pour un logement dit "social", les revenus annuels imposables doivent être inférieurs à 69.800 € pour les isolés et 85.100 € pour les non-isolés. Ces montants sont augmentés de 3.200 € par enfant à charge. La candidature doit être déposée auprès d’une seule société de logement qui va devenir la société de logement de référence.
2) Il ne faut être ni propriétaire, ni usufruitier d’un logement sauf s’il s’agit d’un logement non améliorable, inhabitable ou inadapté à votre handicap.
Le dossier du candidat-locataire est classé par points suivant sa situation sociale et familiale. A titre d’exemple, quelqu’un qui est victime d’une inondation ou d’un incendie ou qui vit dans la rue a un plus grand nombre de points que quelqu’un qui n’est pas dans une situation aussi urgente.
Quel est le délai moyen pour obtenir un logement ? Cela dépend de chaque situation concrète, il est donc impossible à déterminer. Cela peut prendre quelques mois comme plusieurs années.
L’une de ces sociétés de logement, le Logis Social de Liège a attribué 455 logements sociaux en 2023, dont 178 ont été acceptés, ce qui représente 39 % d’attributions réelles.
Même si l’attente peut être longue, la responsable communication du Logis social de Liège conseille aux personnes qui éprouvent des difficultés à se loger de "quand même s’inscrire dans une société de logements de service public et de bien renouveler sa candidature chaque année. Chaque année d’ancienneté comme candidat-locataire donne droit à 1 point de priorité (avec un maximum de 6 points). Mais, si le renouvellement n’est pas fait une année, le candidat est radié et il doit réintroduire une nouvelle candidature et perd ses points d’ancienneté". "Ensuite, comme nous n’avons pas de logements d’urgence, nous conseillons aux personnes de prendre contact avec le CPAS qui dispose d’une cellule Relais logement ou les AIS, agences immobilières sociales", souligne encore Aurélie Dewandre.
En attendant, Kimberley continue inlassablement ses recherches. Son logement idéal ? "Je suis dans une situation assez compliquée et urgente, un petit logement avec deux chambres, ce serait parfait. En témoignant ici, j’espère que des personnes entendront ma demande".
Malgré cette attente qui semble interminable, malgré les refus qui s’accumulent, la jeune femme dit garder espoir: "Je ne peux pas flancher parce que j’ai des enfants. J’ai mes deux filles, je dois avoir un logement correct pour elles".