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"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux": des frappes israéliennes font des dizaines de morts à Gaza

Des frappes israéliennes dans la bande de Gaza ont fait des dizaines de morts jeudi, jour où la Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, son ex-ministre de la Défense et le chef de la branche armée du Hamas.

Benjamin Netanyahu, l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, et le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, sont accusés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans le conlit déclenché dans la bande de Gaza par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

M. Netanyahu a aussitôt dénoncé une décision "antisémite" la CPI, s'estimant victime d'un nouveau "procès Dreyfus" du nom du capitaine français de confession juive condamné pour espionnage à la fin du XIXe siècle avant d'être innocenté et réhabilité.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a lui salué la mise en cause des dirigeants israéliens comme une "étape importante vers la justice", sans mentionner le mandat d'arrêt annoncé simultanément par la CPI contre son dirigeant.

Israël combat aussi le mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban, qui a ouvert un "front de soutien" à son allié palestinien depuis plus d'un an en tirant des roquettes sur le territoire israélien. Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Après des discussions à Beyrouth, en vue d'obtenir une trêve entre les belligérants, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël M. Netanyahu.

Sur un autre front, l'armée israélienne mène aussi des frappes régulières en Syrie contre des groupes pro-iraniens incluant le Hezbollah. Les dernières en date mercredi, sur la ville millénaire de Palmyre, ont fait 79 morts, soit le plus lourd bilan en plus d'une décennie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur une maison à Gaza-ville (nord). Une autre frappe dans la nuit dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts et de disparus, selon des sources médicales.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'établissement Kamal Adwa, proche de la frappe. 

Des mandats à "appliquer"

L'attaque du Hamas qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées, dont 97 restent otages à Gaza, parmi lesquelles 34 déclarées mortes par l'armée.

L'offensive aérienne puis terrestre lancée en représailles par Israël a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les États-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit dans le territoire assiégé et dévasté, en proie à un désastre humanitaire. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a de son côté accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité". "C'est un jour noir pour la justice (...) pour l'humanité", a réagi sur X le président israélien Isaac Herzog.

Les États-Unis ont eux "rejeté catégoriquement" la décision de la CPI. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui affirmé que les mandats d'arrêt devaient être "respectés et appliqués".  

Également visé par la cour, Mohammed Deif est considéré comme l'un des cerveaux du 7 Octobre. L'armée israélienne a annoncé l'avoir tué cet été, mais sa mort n'a pas été confirmée par le mouvement.

"Arrêt total de l'agression"

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah de sa frontière, pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord du pays déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Venu négocier sur ce projet, l'émissaire Amos Hochstein a jugé mardi à Beyrouth qu'une solution était "à portée de main". Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a toutefois posé mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem. 

Israël revendique de son côté de pouvoir continuer à mener des opérations militaires contre la milice chiite pour empêcher ses attaques, même en cas de trêve.

Plus de 3.550 morts au Liban

L'armée israélienne a entretemps mené jeudi de nouvelles frappes aériennes au Liban sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah, après des appels à évacuer.

Le mouvement libanais pro-iranien a lui affirmé avoir tiré des missiles sur une base aérienne près d'Ashdod, sa première attaque dans le sud d'Israël.

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban au moins 3.558 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois.
 

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