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Cela fait plusieurs mois que Fabio multiplie les démarches pour tenter de récupérer son chien. Le teckel est "détenu" par son ex-compagnon qui refuse de lui rendre. La justice liégeoise vient de classer son dossier sans suite. Désespéré, cet habitant de Chaudfontaine est complètement perdu. Selon la police, il lui reste une piste à explorer via un juge de paix.
En découvrant la décision de la justice liégeoise concernant son dossier, Fabio a perdu tout espoir. Il est anéanti. Depuis huit mois, cet habitant de Chaudfontaine se bat pour récupérer Georges, son chien "volé" par son ex-compagnon. "Je viens d’apprendre que mon affaire est classée sans suite", confie-t-il avec une pointe d’émotion dans la voix. Pour tenter de retrouver son animal de compagnie, Fabio lance un appel à l’aide, en alertant les médias. "Pouvez-vous m’aider à ce que mon bébé retrouve son maître ?", demande-t-il, avant de nous raconter son histoire via le bouton orange Alertez-nous.
J’ai acheté Georges chez une éleveuse quand il était chiot
L’été dernier, cet indépendant de 27 ans se sépare de son compagnon après plus d’un an de relation. A ce moment-là, le couple vit sous le même toit avec le chien de Fabio, un teckel nain. "J’ai acheté Georges chez une éleveuse quand il était chiot. Il est né le 18 décembre 2022 et j’ai été le chercher quand il avait 2 mois", se souvient le jeune homme. D’après lui, le teckel est alors pucé et l’identification est réalisée à son nom.
"Après notre rupture, nous avons convenu d’une garde partagée de mon petit chien, le temps que je retrouve un logement. Je venais voir Georges le weekend", explique Fabio. Cette période dure quelques semaines. "Et puis, du jour au lendemain, fin novembre, il a décidé que je ne pouvais plus venir. Il m’a dit : "Je ne te le rendrai jamais". Il fait juste ça pour m’emmerder", assure le jeune homme. "La dernière fois où j’ai vu Georges, c’était le 12 novembre".
Fabio dépose plainte au commissariat
Face à cette attitude, Fabio décide de se rendre au commissariat de Chaudfontaine pour porter plainte pour vol d’animal de compagnie. C'est l'une des démarches à entreprendre dans ce genre de situation. La police peut ainsi agir pour tenter de trouver une solution. "Nos service pourront acter la plainte, effectuer les recherches qui s’imposent ou les demander à la zone de police territorialement compétente, envisager si possible une médiation entre les différentes parties et contacter le parquet en cas de non-accord, lequel statuera sur la suite à donner au dossier", énumère le porte-parole de la zone de police Secova.
Le policier confirme le dépot de plainte de Fabio. "Il faut savoir que l'animal est toujours considéré comme un objet aux yeux de la loi", précise le porte-parole.
"Les policiers ont alors pris contact avec l’agent de quartier de mon ex-compagnon à Oupeye pour tenter de le raisonner. En vain", regrette le Liégeois. Le jeune homme entreprend ensuite différentes démarches, notamment une mise en demeure officielle en décembre. Fabio signale également le vol de Georges à DogID, le gestionnaire de la base de données pour l’identification et l’enregistrement de chiens en Belgique. Une démarche importante. "C’est donc inscrit sur sa puce. Et pourtant, la nouvelle vétérinaire n’en a pas tenu compte et n’a jamais répondu à mes appels", regrette le jeune homme.
"Au même moment, je me suis aussi rendu à la justice de paix. Mais on m’a expliqué qu’une conciliation ne fonctionnerait pas, étant donné le comportement de mon ex-compagnon. Visiblement, c’est une procédure sur base volontaire et, du coup, un juge de paix ne peut pas m’aider", assure le maître de Georges.
D’après lui, son ex-compagnon refuse de lui ouvrir la porte et la communication est très compliquée. "Début janvier, j’ai appris par la police que mon ex a lui-même déposé plainte contre moi pour harcèlement parce que j’ai diffusé un avis de vol avec une photo de mon chien".
La situation prend une tournure désespérante. Le 11 janvier, l’habitant de Chaudfontaine retourne au commissariat pour déposer une nouvelle plainte. "J’ai tout expliqué. J’ai fourni tous les documents et les preuves en ma possession. L’éleveuse a même signé une déclaration sur l’honneur certifiant l’achat à mon nom. J’ai aussi contacté les refuges pour animaux. Mais personne ne peut rien faire", déplore le jeune homme.
J’éprouve un manque énorme, c’est horrible
Plus les mois passent, plus Fabio sombre dans la tristesse et la colère. "Pour moi, c’est mon enfant. C’est comme si on m’avait séparé de mon enfant. J’éprouve un manque énorme, c’est horrible", confie-t-il.
Le Liégeois a encore un espoir: la voie pénale. Après des semaines d’attente, la réponse tant attendue tombe le 17 juillet. "La justice liégeoise a classé mon dossier sans suite car, selon eux, ils ne sont pas aptes à m’aider", explique le jeune homme, désemparé. "J’ai craqué, c’était trop pour moi", avoue-t-il.
Ce genre d’affaires doit être traité au civil, pas au pénal
Le parquet de Liège confirme avoir classé sans suite son dossier. "Ce genre d’affaires doit être traité au civil, pas au pénal", précise Rosalie Heinen, porte-parole du parquet.
Le porte-parole de la zone de police Secova apporte un éclaircissement à ce sujet. "En cas de vol d’un chien, par un voisin par exemple ou un inconnu, le propriétaire doit effectivement déposer plainte auprès de la police. La plainte est alors considérée comme recevable parce qu’il n’existe pas de lien entre les deux parties, entre le maître et le voleur. Il s’agit alors d’un fait pénal qui est du ressort de la justice de droit commun", explique l’agent de police.
Ce dossier est plus compliqué
"Mais ce dossier est plus compliqué. Il s’agit de deux personnes qui étaient en ménage et avaient un chien ensemble. Un vol entre conjoints n’existe pas. Cela ne relève donc pas du pénal mais du civil. Et la police n’est pas compétente pour les matières civiles. Il n’y aura pas de PV", explique le policier. "Je vous donne un exemple. En cas de séparation, si un couple se dispute pour un frigo, même s’il a été acheté par l’un des deux qui dispose d'une facture, cela n’est pas du ressort de la justice pénale, mais de la justice de paix qui gère les matières civiles", ajoute-t-il.
En d'autres termes, il s'agit aux yeux de la loi "d'un vol d'objet dans le cadre d'un différend familial".
Une dernière solution pour le jeune homme
Dans le cas de Fabio, une tentative de conciliation sur base volontaire est difficilement envisageable. "Mais il y a une deuxième procédure possible via la justice de paix", souligne le policier. Quand une discussion à l'amiable n’est pas possible, une personne peut introduire une requête auprès d’un juge de paix en lui demandant que l’affaire soit citée. Son ex-compagnon sera alors convoqué par un huissier. "L’autre partie est tenue de se présenter devant le juge. Il s’agit d’une procédure payante et obligatoire. Il convient alors de se présenter avec un avocat pour obtenir un jugement contraignant", conseille l’agent de police.
Lors de l'audience, le juge de paix va entendre les deux parties, avant de prendre une décision qui devra être respectée. "S'il possède tous les documents d'identification, le juge tranchera sûrement en sa faveur. Il devra avancer les frais de citation qui seront à charge de l'autre partie en cas de jugement favorable", indique Jules Malaise, ancien juge de paix.
Cette procédure devrait durer environ un mois. En attendant, le jeune homme reste privé de son animal de compagnie. "Mon chien est donc toujours détenu. Tout ce que je demande, c’est récupérer mon chien honteusement volé", soupire l’habitant de Chaudfontaine, dépité.