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L'inflation aux Etats-Unis pourrait être plus forte et durable que prévu, a reconnu mercredi le président de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, qui a par ailleurs salué les progrès réalisés par l'économie américaine.
"Alors que la réouverture (de l'économie) se poursuit, d'autres contraintes pourraient continuer à limiter la rapidité avec laquelle l'offre peut s'ajuster", a déclaré Jerome Powell lors de la conférence de presse organisée à l'issue de la réunion de la Fed.
Cela "(augmente) la possibilité que l'inflation s'avère plus élevée et plus persistante que ce que nous attendons", a-t-il estimé.
Il a ajouté avoir "confiance dans le fait qu'à moyen terme l'inflation va redescendre", mais qu'"il est difficile de dire quand".
Dans le communiqué publié un peu plus tôt mercredi, la Fed avait estimé que "l'inflation s'est accélérée, reflétant largement des facteurs transitoires".
"Quoi qu'il en soit, nous utiliserons nos outils de façon appropriée, pour nous assurer que l'inflation tourne autour de 2%", l'objectif de la Fed, a affirmé Jerome Powell.
La hausse des prix aux États-Unis connaît son rythme le plus rapide depuis 13 ans, +3,9% sur un an en mai pour l'indice PCE suivi par la Fed et dont le chiffre de juin sera publié jeudi, et +5,4% en juin pour l'indice CPI.
La Fed anticipe 3,4% d'inflation cette année, puis une stabilisation à 2,1% en 2022 et 2,2% en 2023, selon les prévisions publiées en juin, et qui seront actualisées en septembre.
Le Fonds monétaire international (FMI) table lui, pour les Etats-Unis, sur 4% d'inflation en 2021, puis 2,5% d'ici la fin de l'année prochaine.
- "Evaluer les progrès" -
Mais il en faudra plus à la Fed, que cette flambée des prix, pour qu'elle resserre sa politique monétaire, bien que "l'économie (ait) fait des progrès" vers les objectifs de plein emploi et de stabilité des prix.
L'institution n'a cependant pas donné de calendrier, indiquant simplement qu'elle continuerait, avant de resserrer sa politique, à "évaluer les progrès lors des prochaines réunions".
Les analystes y ont cependant vu une avancée: le communiqué "vise clairement à indiquer que les conversations (...) sont en cours", estime Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.
Certains analystes attendent une annonce sur ce sujet fin août, lors de la conférence des banquiers centraux mondiaux à Jackson Hole (Wyoming), ou bien fin septembre, lors de la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed. Interrogé sur le sujet, Jerome Powell s'est refusé à tout commentaire.
L'institution répète qu'elle veut que l'économie soit tirée d'affaire avant d'agir, craignant que cela ne freine la reprise économique et le redressement du marché de l'emploi.
La Fed a donc, sans surprise, maintenu ses taux directeurs dans une fourchette de 0 à 0,25%, et conservé le niveau actuel de 120 milliards de dollars par mois d'achats d'actifs.
- Risques -
"Grâce aux progrès de la vaccination et au fort soutien politique, les indicateurs de l'activité économique et de l'emploi ont continué à se renforcer", a également salué la Fed dans le communiqué.
Elle a cependant souligné que "les secteurs les plus touchés par la pandémie ont montré des améliorations, mais ne se sont pas complètement relevés", et que "des risques persistent sur les perspectives économiques".
Le variant Delta notamment, qui a fait repartir les cas de Covid-19 dans de nombreuses régions du monde, menace désormais la belle reprise économique américaine.
La succession de Jerome Powell, qui arrivera fin janvier au bout de son premier mandat de quatre ans, n'a en revanche pas été abordée. Il revient à la Maison-Blanche, restée jusqu'à présent silencieuse sur ce sujet très politique, de le maintenir ou non à la tête de la Fed pour quatre années supplémentaires.
Il y a quatre ans, Donald Trump avait choisi de remplacer Janet Yellen. Celle qui était alors à la tête de la Fed est aujourd'hui la secrétaire au Trésor de Joe Biden.