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Gérald Darmanin a annoncé mardi avoir lancé la procédure de dissolution du groupe d'extrême gauche "Nantes révoltée", qui se présente comme "un média autonome et engagé" mais est régulièrement pointé du doigt par les autorités pour des violences lors de manifestations.
"J'ai décidé d'engager le contradictoire qui permettrait la dissolution de ce groupement de fait", a déclaré le ministre de l'Intérieur à l'Assemblée nationale, en réponse à une question de la députée LREM de Loire-Atlantique Valérie Oppelt.
"Une fois que les choses seront construites et que nous serons inattaquables, je proposerai au président de la République la dissolution" de "Nantes révoltée", a-t-il poursuivi.
Le groupe dispose désormais de quinze jours pour faire valoir ses arguments au gouvernement, à l'issue desquels le ministre prendra sa décision. S'il réclame la dissolution, il présentera un décret au conseil des ministres.
"Nous sommes d'ores et déjà entourés d'une équipe d'avocats qui comptent bien défendre la liberté d'expression. Nous allons lancer une pétition. Nous allons démontrer l'illégitimité de ce gouvernement qui cherche à anéantir le moindre contre-pouvoir", a affirmé "Nantes révoltée" par mail à l'AFP, récusant les qualifications de "groupuscule", "structure", "groupement de fait", et "collectif d'ultra-gauche".
"Tous ces qualificatifs sont employés par les médias et les autorités pour nous désigner sauf le seul qui s'impose: nous sommes un média local et indépendant", a ajouté "Nantes révoltée".
Dans la matinée, le préfet de Loire-Atlantique Didier Martin avait expliqué devant la presse qu'une dissolution n'était "pas aussi simple qu'il y paraît" sinon ça aurait pu être fait depuis longtemps".
"Nantes révoltée se revendique média, on peut donc par exemple être confronté au respect de la liberté d'expression et de la liberté de la presse", avait-il ajouté.
- "agrégation de militants" -
"Nous supposons que (M. Darmanin) s'appuie sur la loi de 1936 qui avait été faite pour obtenir la dissolution des ligues d'extrême-droite parce que c'est cette loi qui a été utilisée récemment pour dissoudre le CCIF ou Génération identitaire", ont commenté les avocats du collectif Raphaël Kempf et Aïnoha Pascual. Mais selon eux, "Nantes Révoltée ne correspond à aucune des catégories prévues par le texte de loi".
Habitués des cortèges et se présentant comme un "média autonome et engagé", ses membres s'expriment uniquement au nom du groupe, via les réseaux sociaux.
"Je ne serais pas capable de dire qui est Nantes révoltée et comment ils fonctionnent. On sait que des gens en sont proches mais personne ne se revendique Nantes Révoltée", a expliqué à l'AFP un journaliste habitué des manifestations nantaises.
Lui définit le groupement comme une "agrégation de militants (...) un système protéiforme et un peu opportuniste selon les causes" et rappelé qu'il avait notamment "beaucoup participé" aux mobilisations après la mort de Steve Maia Caniço à Nantes en 2019, lors d'une opération policière controversée à l'occasion de la Fête de la musique.
La procédure de dissolution a été lancée à la suite d'incidents survenus à Nantes vendredi soir en marge d'une manifestation "antifa" ayant rassemblé plus de 600 personnes, avec fumigènes et feux d'artifice.
"A bas l'Etat, les flics et les fachos", scandaient les manifestants, selon des vidéos diffusées sur Twitter.
Deux vitrines avaient été brisées et des projectiles lancés contre les forces de l'ordre. La manifestation s'est ensuite dirigée vers un bar réputé pour accueillir des militants d'extrême droite. Un serveur et un client y ont été frappés.
A la suite de ces incidents, "trois personnes ont été interpellées et une a été condamnée à de la prison ferme suite à une comparution immédiate", selon M. Darmanin, pour qui "ce qui s'est passé" à Nantes est "inacceptable".
Le ministre a fait valoir que "depuis la loi El Khomri (loi Travail en 2016), ce groupement de fait répète sans cesse des appels à la violence et ce week-end contre l'Etat et les policiers".
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