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Quinze mois après, Guy Novès va savoir... Les Prud'hommes de Toulouse rendent leur décision lundi sur le licenciement pour "faute grave" de l'ancien sélectionneur du XV de France par la Fédération française de rugby (FFR) fin décembre 2017.
Le conseil des Prud'hommes doit rendre sa décision sur la plainte de Guy Novès, 65 ans, qui réclame 2,9 millions d'euro au titre des dommages à la FFR pour ce licenciement, inédit pour un sélectionneur en cours de mandat.
"C'est une souffrance sportive et professionnelle", avait fait valoir Novès à l'issue de l'audience du 14 février, soulignant qu'il vivait "très mal" le fait d'avoir été évincé "pour faute grave".
"Je vis mon licenciement" avec "une bâche sur la tête", avait assuré Novès, arrivé à la tête des Bleus en 2016 et remplacé par Jacques Brunel après 21 matches (7 victoires, 13 défaites, 1 nul).
Joint par l'AFP, l'ancien patron des Bleus a refusé de s’exprimer avant le délibéré.
Devant les juges, son avocat, Me Laurent Nougarolis, avait étayé la "non validité juridique" du licenciement, appris dans la presse avant la réception d'une lettre le 27 décembre 2017, en relevant "l'absence d'entretien préalable".
Il avait de surcroit estimé que le motif avancé par la FFR, "la faute lourde" pour "défaut managérial", n'était pas fondé car non prouvé. Enfin, il avait qualifié de "fallacieuses" les autres raisons invoquées: absence de soutien des joueurs, querelle dans le staff, manque de dialogue avec les entraîneurs du Top 14.
"On l'a traîné dans la boue. Il a été licencié pour une faute grave et il ne sait toujours pas ce qu'on lui reproche", avait martelé Me Nougarolis.
Selon lui, cette éviction était préméditée, le président de la FFR Bernard Laporte ayant annoncé qu'il allait y procéder avant même son élection.
Quant aux 2,9 millions d'euros de dommages réclamés, l'avocat avait égrené les motifs et les chiffres afférents: heures de travail non payées, notamment l'analyse des matches devant la télévision, salaires de Guy Novès dus car son contrat courrait jusqu'à fin 2019, après le Mondial au Japon (20 septembre – 2 novembre), etc.
- "Novès, centre du monde" -
"Jamais aucun entraîneur dans n'importe quelle équipe et n'importe quel sport n'a osé demander des heures supplémentaires. C'est la preuve d'un orgueil surdimensionné. +Je suis une statue vivante. Alors je demande des heures supplémentaires+", avait rétorqué Me Joseph Aguerra, avocat de la FFR.
Il avait balayé la quasi totalité des demandes de l'ancien sélectionneur, ironisant même sur les "heures "supplémentaires +canapé+".
Avant la décision des prud'hommes, Me Aguerra n'a pas changé de discours. "Ce qui m'a marqué le plus dans cette audience, c'est l'orgueil de M. Novès. C'était +moi, Guy Novès, centre du monde+", a-t-il affirmé à l'AFP.
A l'audience, Me Aguerra avait demandé que le tribunal change le contrat de Novès --à 30.000 euros mensuels-- , de CDD en CDI, invoquant une erreur de droit pour justifier ce changement", notamment "pendant les trois premiers mois où le sélectionneur n'avait rien fait mais avait été payé".
"Personne n'est dupe, il n'y a aucune trace d'un quelconque travail", a répété Me Aguerra à l'AFP.
La modification contractuelle réduirait sensiblement le coût d'une indemnisation pour la FFR en vertu des règles légales alors que la Fédération a achevé l'exercice 2017/18 avec un déficit de 7,35 M d'euros.