Accueil Actu Régions Liège

Selon deux rapports confidentiels, Liège est au bord de la faillite : "Un milliard de dette? C'est une catastrophe"

Deux rapports confidentiels concernant la situation financière de la Ville de Liège, signés par Christine Defraigne, Première échevine sortante, alertent sur une dette abyssale et des besoins de refinancement urgents, avec un déficit de 400 millions d’euros à combler d’ici 2028. Plusieurs solutions radicales sont proposées pour éviter la faillite.

Sudinfo a pu mettre la main sur deux rapports confidentiels de 10 pages chacun. L’un porte sur les besoins de refinancement de la Ville de Liège, le second a trait aux réformes à envisager. Les deux sont signés de la main de Christine Defraigne, Première échevine MR sortante de la Ville de Liège en charge des Finances et ont été adressés à Adrien Dolimont (ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Jeholet (ministre wallon de l'Economie) et Georges-Louis Bouchez (président du MR).

Les documents évoquent une ville de Liège au bord de la faillite. "Liège a une dette abyssale, un milliard d'euros, c'est plus que son budget annuel, comptabilise Gaspard Grosjean, rédacteur en chef adjoint de Sudinfo. Et surtout, Liège doit trouver encore, à Politique Inchangée, 400 millions d'euros d'ici 2028. Je ne sais pas si on mesure bien la portée du séisme que c'est, mais c'est une vraie catastrophe", estime-t-il.

Comment la ville de Liège en est arrivée là? Selon le rapport, les dépenses de la ville concernant son personnel sont très élevées. "Liège, c'est 2800 équivalents temps plein, calcule Gaspard Grosjean. C'est assez énorme pour une ville de moins de 200 000 habitants", souligne le rédacteur en chef adjoint qui s'interroge. "Que doit-on faire ? Doit-on remplacer systématiquement les départs à la pension ? Doit-on prendre des mesures plus radicales ?".

Selon le rédacteur en chef adjoint, Christine Defraigne explique qu'une loi datant d'une trentaine d'années a joué dans la situation difficile que traverse Liège. "C'est la loi Daerden, confirme Gaspard Grosjean. Elle oblige désormais les pouvoirs locaux, notamment les communes, à prendre à leur charge la fameuse cotisation de responsabilisation des pensions des agents. Autrement dit, ce n'est plus, pour faire simple, le fédéral qui paie toute la pension. Une partie est payée directement par les villes et les communes. Et cette partie, évidemment, augmente d'année en année". De quoi plomber les finances de la ville.

Alors, que faire ? Selon Gaspard Grosjean, qui souligne la rigueur avec laquelle Christine Defraigne a réalisé son rapport, la Première échevine sortante liste une série de solutions à examiner. Il y a le fait de ne pas remplacer les gens qui partent à la pension, le fait de passer de la semaine de 36 à 38 heures, notamment. "Elle parle aussi de pistes beaucoup plus drastiques. On pense notamment à la remise en cause de subsides, de certaines aides controversées, de remise en cause du financement des fabriques d'église, des zones de secours, une fusion forcée entre le CPAS de Liège et la ville de Liège pour faire des économies d'échelle, mais aussi vendre du patrimoine immobilier. C'est autant d'éléments qui sont mis sur la table, tout en appelant quand même l'État fédéral à prendre ses responsabilités, notamment en termes de pensions des agents", explique Gaspard Grosjean.

Christine Defraigne serait vraisemblablement attachée au fait de sauver les finances de la ville. Interrogée par Sudinfo, elle aurait dit "Si Liège meurt, la Wallonie mourra". " Il y a un fait qui est certain, c'est qu'aucune région ne se redressera si ces villes se portent mal", admet Gaspard Grosjean qui précise aussi que paradoxalement, e sont ces villes qui génèrent la richesse de la Wallonie.
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous