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Un gardien de la prison de Haren a vu son domicile à Grâce-Hollogne ciblé par un cocktail Molotov, après une série d’attaques contre le personnel pénitentiaire.
Le parquet de Liège a ouvert une enquête après l'attaque du domicile d'un gardien de la prison de Haren résidant à Grâce-Hollogne. Mercredi matin, un cocktail Molotov a été lancé contre la façade du logement d'Alfred, sans faire de blessé.
Rencontré, Alfred témoigne : "Il était plus ou moins 1h15 du matin quand j'ai entendu un gros boum. Je pensais que c'était une voiture qui avait pris la façade. Quand j'ai regardé par la fenêtre de ma chambre, j'ai vu comme une lueur, comme une flamme. J'ai ouvert la fenêtre et j'ai vu qu'il y avait un petit feu, ici dans le coin de la porte. Et quand je suis descendu, que je suis arrivé, que j'ai vu le trou de la porte, des débris éparpillés jusqu'au fond de la pièce... Apparemment, c'était vraiment une grosse déflagration. J'ai même un meuble ici à côté, derrière la porte, où le côté a été défoncé par la déflagration".
Mercredi matin, "il y a eu une déflagration au niveau de la porte d'entrée de son domicile privé. Heureusement, il n'y a pas eu de blessés, cela s'est limité à des dégâts matériels", selon la porte-parole de l'administration pénitentiaire Valérie Callebaut. Cette dernière reste toutefois prudente et souligne qu'un lien entre l'attaque et la profession de la personne visée n'est pas clairement établi.
Un autre dossier concernant des faits de menaces à l'encontre de ce même gardien au début de 2024 est déjà à l'enquête.
J'ai peur pour moi, j'ai peur pour ma vie, j'ai peur pour ma famille
"Ça va faire presque un an que je subis des menaces et des pressions à l'extérieur de mon travail. C'est en relation avec mon travail, suite à avoir découvert des relations entre détenus et agents. (...) J'ai mis ça en lumière et j'ai eu des menaces de mort, des menaces de représailles. À l'extérieur, des gens au scooter qui s'arrêtaient autour de mon véhicule. Oui, j'ai peur. J'ai peur pour moi, j'ai peur pour ma vie, j'ai peur pour ma famille", raconte Alfred.
L'agent a subi des menaces très concrètes : "Dans la première menace, on m'a dit, 'on va s'en prendre à toi et à ta femme. N'oublie pas, tes petites filles, elles sont ici à l'Athénée'. Ça va jusque-là, quoi. Donc, ils sont au courant de tout mon cercle familial. Ce n'est pas normal. Les pressions que je subis, c'est parce que je fais mon travail".
Alfred raconte également avoir été menacé avec une arme sur la tempe en allant au magasin. "Il disait que je devais me taire, ne pas faire d'esclandre, ne pas révéler les problèmes qui se passaient, des relations qu'il y avait dans le milieu pénitentiaire", se souvient-il.
Très peu d'explications
Pour les deux dossiers, celui de l'attaque du 15 janvier et les menaces survenues l'an dernier, l'information judiciaire est en cours et des devoirs ont été demandés. "Actuellement, aucun suspect n'a été identifié", précise le parquet liégeois.
Le dossier est très sensible et nos demandes d'explications se heurtent à beaucoup d'obstacles. Pour l'instant, tant du côté des syndicats que de la direction des prisons, il y n'y a que très peu de réactions, si ce n'est la confirmation qu'une enquête est ouverte et que l'administration pénitentiaire suit cette affaire de très près.
Si Alfred a décidé de contacter la presse, c'est parce que rien ne bouge. Il parle d'un système carcéral corrompu, d'agents protégés, et même d'infiltration de bandes organisées au sein de certaines prisons.
Ce n'est pas la première fois que des gardiens de la prison de Haren sont pris pour cible. Cet incident survient quelques jours après les trois voitures incendiées sur le parking de cette même prison, le 2 janvier dernier. Des cocktails Molotov avaient également été utilisés, visant le véhicule d'une agente pénitentiaire qui serait la cheffe d'une aile de la prison.
Encore auparavant, le 23 novembre dernier, en province du Limbourg, à Heers, la voiture d'un gardien avait aussi été incendiée, avec une lettre de menace envers la compagne de ce dernier.