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Murielle a découvert qu'elle souffrait d'une forme d'autisme à l'âge adulte: "Tout s'est amélioré"

En Belgique, il faut actuellement attendre entre 10 et 16 ans pour obtenir un rendez-vous dans le seul centre de dépistage de l'autisme chez l'adulte. Un centre de référence installé à Liège où les spécialistes sont surchargés. Ils risquent de fermer la section dédiée aux adultes.

Mathématicienne au Centre spatial de Liège, Murielle a toujours eu des difficultés à s’intégrer socialement et professionnellement. "On se pose des questions : pourquoi je suis différente ? Pourquoi est-ce que, malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à me comporter comme les autres ? Pourquoi est-ce que j’ai toujours cette impression d’être rejetée ? Pourquoi est-ce que je suis inadaptée à la société ?", s’interroge-t-elle.

Stressée, timide, introvertie… Il y a 6 ans, elle apprend qu’elle a le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Il aura fallu plusieurs mois d’examens pour obtenir le diagnostic. Ce jour-là, sa vie a changé. "J’avais difficulté de m’organiser et d’avoir plein de choses en même temps. Maintenant, j’arrive à trouver des astuces par moi-même pour être plus efficace au travail, pour mieux m’organiser, pour mieux communiquer avec mes collègues… Tout ça s’est amélioré, mes relations amicales se sont aussi améliorées…", détaille Murielle Kirkove.

Mais le centre où elle a été dépistée, un des rares en Wallonie, a décidé de se focaliser sur la prise en charge des enfants. "Ça a tendance à augmenter par des phénomènes que l’on connait bien : le numérique et l’addiction à toute une série de dépendances. On veut tout et tout de suite et cela aboutit à un certain recul des individus qu’on pourrait étiqueter d’autistes", développe Pierre Gillet, directeur médical au Centre de Ressources Autismes de Liège.



En moyenne, 3 personnes sont diagnostiquées autistes chaque jour dans notre pays. "Certaines personnes autistes sont dans des situations où elles sont soit seules, soit sans emploi ou sont dépressives… Certains ont reçu un diagnostic erroné, certains sont même dans des hôpitaux psychiatriques", note Murielle.

Le centre de référence de Liège s’occupe de 180 enfants et s’occupait d’une cinquantaine d’adultes par an. Actuellement, 90% des demandes sont refusées par manque de moyen. "Nous espérons que le gouvernement de la communauté française va nous entendre pour revendiquer une nouvelle enveloppe pour financer ce projet", glisse Pierre Gillet.

Pour les enfants, le délai d’attente varie entre 1 et 3 ans. Pour les adultes, il faut compter entre 10 et 16 ans. "Maintenant, je me rends compte que je me reconstruis pour faire un petit peu une nouvelle vie. Et donc, quand on apprend qu’on va peut-être arrêter cette possibilité pour les autres adultes… C’est un peu révoltant", poursuit Murielle.

Après Mons et Liège, un nouveau centre de référence en autisme a ouvert à Namur, avec à chaque fois la prise en charge des enfants. Murielle a donc lancé une pétition pour que les adultes ne soient pas laissés pour compte et abandonnés face à ce trouble du développement.

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