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Les élections en Russie sont en train de se dérouler. Cependant, elles ne laissent aucune place au doute sur la victoire de Vladimir Poutine. Pour en parler, Aude Merlin professeure de science politique à l'ULB et spécialiste de la Russie était invitée sur le plateau du RTL info 19h.
Il reste des segments de la société russe qui s'oppose, malgré le danger, à la réélection de Vladimir Poutine. Mais quelles sont réellement leurs marges de manœuvre ?
C'est une marge maigre, mais ce sont des personnes qui ont besoin d'exprimer leur mécontentement, leur lassitude. Des milliers de personnes ont fleuri la tombe de Navalny, des autres milliers ont soutenu d'autres candidatures... On voit que certains segments de la société tiennent à exprimer leurs colères, avec des cocktails molotov, notamment parfois.
Comment expliquer que Vladimir Poutine soit encore soutenu par une très grande majorité de la population russe ?
Ce soutien est compliqué à mesurer. Le régime ne repose pas uniquement sur de la répression, mais il repose aussi sur une verticale de la loyauté. Le gagne-pain de certaines personnes dépend de l'État, d'autres ont besoin d'être loyaux, comme les profs ou les chefs d'entreprise. Finalement, il y a cette logique de loyauté et en l'absence d'autres candidats d'opposition, il y a cette considération qui fait que Poutine devient "le moins pire", car il n'y a pas d'alternative possible.
Il n'y a pas de véritables candidats face à Poutine. Ces élections sont-elles truquées ? Est-ce que ce scrutin se déroule dans les règles ?
Alexei Navalny avait voulu participer aux élections de 2018 et il n'avait pas été autorisé. Il y a une multitude de techniques qui existe pour contrôler le vote. La commission électorale centrale peut littéralement intervenir pour modifier ou inventer des résultats, mais il y a d'autres techniques : allonger le scrutin sur trois jours ce qui rend les observations compliquées, voire trois semaines sur les territoires occupés par la Russie en Ukraine.
Il y a aussi tout un système de pression où les personnes qui travaillent dans l'administration doivent montrer pour qui ils vont voter. En fait, les gouverneurs des régions doivent faire remonter un volume de loyauté. Il reste cependant des personnes qui votent pour Vladimir Poutine soit par défaut, soit par une forme d'adhésion un peu passive.