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La COP29 s'ouvre ce lundi à Bakou en Azerbaïdjan. L'enjeu de cette conférence est de déterminer comment les pays industrialisés peuvent soutenir les pays du sud, plus vulnérables, dans leur transition écologique. Mais concrètement, que peut-on attendre d'une énième conférence mondiale sur le climat ?
François Gemenne, membre du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, ne s'attend pas spécialement à l'échec de cette COP29: "Il est certain qu'on voit bien que le problème au niveau financier, c'est que les poches des gouvernements sont vides. On voit bien que le problème politique, c'est qu'élection après élection, il n'y a pas vraiment une demande claire exprimée de la part de l'électorat pour des politiques climatiques ambitieuses. Ça ne veut pas dire forcément que la lutte contre le changement climatique va être un échec. Ça veut dire simplement qu'il faut se montrer créatif, notamment sur le plan financier", explique l'expert.
Celui qui est également directeur de l'observatoire HUGO de l'ULiège estime qu'il faudrait davantage impliquer le secteur privé dans les négociations : "Je ne vois pas pourquoi les grandes entreprises des énergies fossiles ne pourraient pas contribuer au fond sur les pertes et dommages, par exemple. Et je pense aujourd'hui effectivement que ce sont les entreprises davantage que les gouvernements qui sont aujourd'hui les fers de lance de la transition. Et ça implique aussi qu'on puisse s'interroger sur le modèle de négociation. Nous allons devoir gérer le changement climatique jusqu'à la fin du siècle au mois et donc nous avons besoin de ces réunions annuelles.", déclare-t-il en direct du RTL info 19h.
Je ne voudrais pas me trouver à la place des délégués américains qui vont devoir représenter leur pays lors de cette COP29
Ce qu'il inquiète François Gemenne, c'est la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le retour de ce climato-sceptique assumé n'est "clairement pas" de bon augure pour cette COP29 et les considérations climatiques futures : "Je ne voudrais pas me trouver à la place des délégués américains qui vont devoir représenter leur pays lors de cette COP29 parce qu'on sait que tous les engagements qu'ils pourront prendre risquent de devenir caducs dans deux mois lorsque M. Trump aura prêté serment comme 47e président des États-Unis", répond-il.
"Très clairement, il n'est pas de bon augure d'avoir le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre qui veut se désengager de la coopération internationale, d'autant plus que si les États-Unis se désengagent, ça risque évidemment d'inciter d'autres pays à se désengager et qui se dirait 'au fond si les États-Unis n'y vont pas, pourquoi est-ce que moi je devrais y aller ?'", analyse François Gemenne qui y voit "une très très mauvaise nouvelle pour le climat et pour la coopération internationale".