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Le géant américain des biscuits et chocolats Mondelez, propriétaire de marques célèbres comme Lu, Oreo, Milka ou Toblerone, a écopé jeudi d'une amende de 337,5 millions d'euros pour avoir illégalement gonflé ses prix en restreignant la concurrence dans l'UE.
Cette amende géante, la neuvième plus lourde jamais infligée par l'Union européenne pour pratiques anticoncurrentielles, intervient alors que l'inflation des prix alimentaires est un sujet de préoccupation majeur des ménages.
Les entreprises sont régulièrement pointées du doigt pour avoir accru excessivement leurs marges alors que les prix à la consommation ont connu une flambée depuis deux ans, dans le sillage de la guerre en Ukraine.
Au terme d'une enquête ouverte en janvier 2021, la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager a souligné que la multinationale américaine avait "empêché les détaillants européens d'acheter les produits du groupe dans les pays de l'UE où les tarifs sont plus bas".
Il s'agit d'une atteinte à l'un des principes essentiels du projet européen: la libre circulation des biens au sein du marché unique.
"Cela a permis à Mondelez de maintenir des prix élevés au détriment des consommateurs", a souligné Mme Vestager, lors d'une conférence de presse.
Le groupe est également accusé d'avoir abusé de sa position dominante sur le marché des tablettes de chocolat dans certains pays pour limiter les importations en provenance d'autres pays de l'UE aux tarifs moins élevés.
Mondelez est par exemple accusé d'avoir retiré les tablettes de chocolat de sa marque Côte d'Or aux Pays-Bas afin d'empêcher qu'ils soient revendus en Belgique où ils étaient écoulés en plus grande quantité et à des tarifs plus élevés.
Mondelez a également empêché pendant quatre ans un grossiste d'acheter ses chocolats en Allemagne, où ils sont moins chers, pour les revendre ailleurs dans l'UE. Le groupe a ainsi évité une pression à la baisse sur ces prix.
- "Forte inflation" -
Selon Bruxelles, Mondelez a "entravé le commerce transfrontalier de chocolats, biscuits et cafés entre les États membres, en violation des règles de concurrence de l'UE" au moyen d'accords illégaux.
Au sein de l'UE, les tarifs pour un même produit peuvent connaître des variations de 10% à 40% selon les pays, a expliqué Mme Vestager. "Le commerce transfrontalier au sein du marché intérieur peut faire baisser les prix. C'est particulièrement important en période de forte inflation", a-t-elle souligné.
La multinationale de l'agroalimentaire a évoqué dans un communiqué "des incidents isolés, intervenus dans le passé et dont la plupart avaient cessé bien avant l'enquête de la Commission". Les faits reprochés "se rapportent à une part très limitée de l'activité européenne de Mondelez" et "ce dossier historique n'est pas représentatif de ce que nous sommes et de notre forte culture de respect des règles", a affirmé l'entreprise.
Issu de la scission des activités de Kraft Foods en 2012, Mondelez, dont le siège social est à Chicago (Illinois), possède de nombreuses marques connues comme Milka, Oreo, Ritz, Toblerone et TUC.
Le groupe a enregistré l'an dernier des ventes mondiales en progression de 14% à 36 milliards de dollars (33 milliards d'euros). Il a dégagé un bénéfice net de 4,96 milliards de dollars (4,57 mds EUR).
Dans un dossier similaire de pratiques anticoncurrentielles, le brasseur belgo-brésilien AB InBev, numéro un mondial du secteur, s'était vu infliger en mai 2019 une amende de 200 millions d'euros par la Commission européenne.