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L'ancien président américain Donald Trump, déclaré coupable par un jury new-yorkais cette semaine, a affirmé dans une interview diffusée dimanche qu'une peine de prison pourrait être "un point de rupture" pour ses soutiens.
Le candidat républicain à la présidentielle de novembre a averti sur Fox News qu'une peine de prison "serait compliquée pour le public à accepter. Vous savez, à un certain moment, il y a un point de rupture".
Ces propos ont une résonance particulière dans un pays encore marqué par l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021, lorsque des partisans de M. Trump ont tenté d'empêcher la certification de la victoire électorale de son rival démocrate Joe Biden.
Ils interviennent aussi au moment où le magnat des affaires de 77 ans utilise une rhétorique toujours plus violente envers ses opposants.
L'élu démocrate Adam Schiff a affirmé qu'avec ses propos Donald Trump incitait, "clairement", "à la violence une fois son jugement connu".
L'un des fils de l'ex-président, Eric Trump, a lui estimé que l'affaire était en train de faire de son père "un martyr".
"Le peuple américain n'est pas stupide" et "voit exactement ce qui est en train de se passer", a-t-il assuré.
- "Très dur" -
Au terme de six semaines de débats au tribunal de Manhattan, un jury a reconnu Donald Trump coupable de 34 chefs d'accusation de falsifications comptables pour des paiements fin 2016 à l'ancienne actrice de films X Stormy Daniels pour qu'elle taise une relation sexuelle qu'elle dit avoir eue avec lui en 2006.
M. Trump nie catégoriquement cette relation.
Ce verdict, le premier au pénal dans l'histoire des Etats-Unis contre un ancien président, n'empêchera pas le milliardaire d'être candidat à la présidentielle face à Joe Biden.
Mais Donald Trump a dans sa foulée laissé éclater sa colère, dénonçant un procès "très injuste" et même truqué - sans apporter la moindre preuve.
Il a aussi accusé Joe Biden et sa "bande" d'être des "malades" et des "fascistes" responsables de ses déboires judiciaires.
Sur son réseau Truth Social, il a appelé dimanche la Cour suprême des Etats-Unis, où une majorité des juges sont proches du Parti républicain, à trancher.
"Un juge local nommé par les démocrates et très controversé va rendre une décision qui déterminera l'avenir de la nation?", s'est-il interrogé.
"La Cour suprême des Etats-Unis doit décider", a ajouté le candidat, qui avait déjà annoncé sont intention de faire appel. En droit américain, un tel recours est toutefois jugé au niveau des Etats et non directement par la Cour suprême fédérale.
Dans l'interview diffusée dimanche, l'ex-président a également affirmé que son récent procès avait été "très dur" pour sa femme Melania, dont l'absence a été notée parmi les membres de sa famille venus le soutenir au tribunal.
- "Sac de boxe" -
Quant à Stormy Daniels, dont le silence depuis le verdict de jeudi a été très remarqué (elle n'hésite d'ordinaire pas à commenter d'un ton acéré les ennuis judiciaires de Donald Trump), elle a fini par réagir auprès du journal britannique Daily Mirror.
"Je crois qu'il devrait être condamné à de la prison et des travaux d'intérêt général pour les moins favorisés, ou servir de sac de boxe bénévole dans un refuge pour femmes", a-t-elle ajouté avec sa liberté de ton habituelle.
Ces derniers jours, elle était restée en retrait et avait laissé son époux et son avocat s'exprimer dans les médias. Les deux hommes ont laissé entendre que l'appréhension, voire la peur, n'étaient pas étrangères à son silence.
Stormy Daniels a récemment raconté avoir reçu des menaces de mort depuis l'inculpation de Donald Trump.
Elle a par ailleurs jugé dans l'interview au Daily Mirror que le candidat républicain était "complètement et totalement déconnecté de la réalité".
Témoigner devant la justice "était tellement intimidant, avec les jurés qui vous regardent", a souligné Stormy Daniels, "mais comme je l'ai déjà dit, j'ai tout le temps dit la vérité".
Le témoignage de Stephanie Clifford de son vrai nom a été un des points d'orgue des débats. Elle a notamment raconté en détail la relation sexuelle supposée, selon elle consentie mais où le "rapport de force" était "déséquilibré".
"Ce ne sera jamais fini pour moi", a-t-elle déclaré. Donald Trump a beau être déclaré coupable, "je dois toujours vivre avec cet héritage".