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En France, le gouvernement Barnier tiendra aujourd'hui son premier conseil des ministres. Hier soir, le chef du gouvernement est apparu serein à la télévision, malgré les multiples attaques dont il est l'objet. Il a finalement réussi à se constituer une équipe, mais le plus dur reste à faire.
Le plus dur pour le gouvernement Barnier, ce sera l'élaboration du budget qui devra être présenté à l'Assemblée nationale le 8 octobre. Un vrai défi alors que la France enregistre un déficit de plus de 3000 milliards d'euros et que les Français réclament plus de pouvoir d'achat et un renforcement des services publics.
Hier, dans le JT de France 2, malgré les injonctions des macronistes, il n'a pas exclu d'augmenter les impôts des plus riches et des grandes entreprises qui gagnent beaucoup d'argent. Avant la présentation du budget, il y aura le 1er ou le 2 octobre sa déclaration de politique générale au Parlement. On connaîtra alors les grandes lignes de ses projets. Son prédécesseur, Gabriel Attal, a déjà posé un ultimatum : qu'il ne touche pas aux récentes avancées sociétales, comme le mariage pour tous, la procréation médicalement assistée ou les droits de la communauté LGBT.
La présence à l'Intérieur de Bruno Retailleau, un ultra-conservateur, avait fait naître des craintes à ce sujet. Barnier s'est voulu rassurant, se présentant comme un rempart des libertés nouvelles et rappelant, comme un gage, qu'il avait autrefois côtoyé Simone Veil au gouvernement.
Malgré tout, à gauche, on qualifie déjà le gouvernement de réactionnaire et le Parti socialiste, François Hollande en tête, a appelé à le censurer. Une hypothèse pas tout à fait réaliste, car de l'autre côté de l'éventail politique, Marine Le Pen a qualifié le gouvernement de "transitoire". Quoi qu'il arrive, Michel Barnier survivra à sa déclaration de politique générale, car en France, le gouvernement procède du Président, qui le nomme seul. Il n'a pas besoin d'être investi par le Parlement, qui peut juste le censurer.
On peut donc estimer qu'en toute logique, Michel Barnier a quelques semaines devant lui. Mais il vivra, sous la menace d'une motion de censure votée ensemble par la gauche et le Rassemblement National. Le parti de Marine Le Pen sera très vigilant sur sa politique en matière d'immigration et de sécurité.
Dans cet océan de tourments, Michel Barnier compte sur sa grande expérience : cinq fois ministre, deux fois commissaire européen, négociateur du Brexit, 50 ans de vie politique. À ses troupes, il a simplement dit : "au travail". Natif des Alpes, ce montagnard sait que quand on gravit un col, il faut mettre un pas devant l'autre, avec obstination, et ne poser son sac qu'une fois au sommet.