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"On s'est retrouvés face à un mur, les yeux bandés": le jour où la journaliste Dorothée Olléric a failli être exécutée en Égypte

Dorothée Olléric est journaliste de guerre pour France Télévisions. Elle vient de publier l'ouvrage "Maman s'en va en guerre" dans lequel elle relate les conflits qu'elle a couverts à travers le monde. Parmi ses anecdotes, le simulacre d'exécution qu'elle a vécu en Égypte en 2013.

Après la révolution de janvier-février 2011 et la démission du président Hosni Moubarak, l'islamiste Mohamed Morsi accède au pouvoir en Égypte. 

Deux ans plus tard, un coup d'État éclate deux ans plus tard. Dorothée Olliéric est sur place avec son équipe. "Le 17 août, on se retrouve dans un reportage", raconte-elle. Dans un pays où les journalistes sont vus comme ceux "qui critiquent le gouvernement", "les forces armées, règlent les problèmes de façon très dure", pourusit-elle. "Il y a des centaines de morts, et nous on est pris à partie", se souvient la journaliste. "On se retrouve face à un mur, les yeux bandés, avec notre interprète. Les gens nous demandent de baisser la tête, et là ils chargent leurs armes." Dorothée Olliéric est dans "un peloton d'exécution", selon ses dires.

Elle précise que ce moment "'terrible à vivre" n'a été vécu qu'une seule fois dans sa carrière de journaliste de guerre. Ses pensées dans cet instant d'extrême tension sont alors dirigées vers ses enfants. "Ils avaient à l'époque 10 et 12 ans, je me suis dit que ça allait être absolument terrible pour eux...". Puis, le sourire aux lèvres, elle se souvient avoir réfléchi "à la liste de fournitures scolaires" de ses enfants pour la rentrée suivante. "Je me suis dit  'Philippe [son époux] ne va jamais acheter les bons cahiers, les bons crayons, les bons stylos...'."

"Il faut aller de l'avant" 

Le retour après la réalité avec ce type de scène particulièrement marquante n'est pas aisé. Encore après, Dorothée Olliéric admet en faire "des cauchemars". Mais elle fait désormais la part des choses. "Tout ce que je vois reste dans ma tête, mais il n'affecte pas mon quotidien. Quand on revient, c'est difficile, on garde au cœur, à l'esprit ce qu'on a vécu, mais il faut aller de l'avant, moi j'ai choisi ce métier-là, pas mes enfants, donc moi je veux que les départs et les retours soient pleins d'amour, de bonheur, de joie. Cette noirceur, je veux pas qu'elle déteigne sur moi. Je suis quelqu'un de très positif, très optimiste..." 

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