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Des centaines de morts et des bidonvilles réduits à néant à Mayotte: comment expliquer un nombre si élevé de victimes et autant de dégâts?

Un cyclone a ravagé l’île de Mayotte. D’après le préfet du département, il pourrait y avoir des centaines, voire des milliers de morts, mais aussi des routes impraticables, des bidonvilles réduits à néant. La situation sur place est dramatique et l’aide humanitaire a du mal à arriver. 
La situation est particulière : Mayotte est le département le plus pauvre de France et les clandestins, qui vivent dans des habitations précaires, y sont très nombreux. 

Quand on évoque les départements d'outre-mer français, on pense d'abord à la Martinique, ou à la Guadeloupe dans les Caraïbes, ou à la Réunion dans l'océan Indien, des terres de tourisme, plages immaculées et paysages de rêve, où le vert des cannes à sucre se marie au bleu de l'océan. Ces îles sont régulièrement confrontées à des cyclones, parfois violents et destructeurs, mais elles sont à la fois bien équipées et bien préparées, ce qui limite les conséquences. 

À Mayotte, c'est tout le contraire. 320.000 personnes vivent sur 376 kilomètres carrés, soit une densité de 825, l'une des plus élevées au monde. La population est musulmane et parle principalement le mahorais, une langue proche du Swahili. Situé entre Madagascar et le Mozambique, ce petit département se trouve à 8.000 km de la métropole et à 1.400 km de l'île de la Réunion. Acheté par la France en 1841 à un sultan local, c'est en quelque sorte sa dernière possession africaine. 

Aux yeux du droit international, elle ne devrait d'ailleurs plus être française. En 1974, la France a organisé un référendum pour l'indépendance dans son territoire des Comores, un archipel dont faisait partie Mayotte. Trois des quatre îles ont voté à 90% pour l'indépendance, sauf Mayotte, qui a voulu rester française à 68%. Or, selon les règles de l'ONU, un territoire qui accède à l'indépendance ne peut pas être morcelé. On a connu cette situation au Congo belge avec la sécession katangaise. Après avoir hésité, la France a utilisé son droit de veto à l'ONU et conservé Mayotte, toujours réclamée par la République des Comores. 

77% de la population vit sous le seuil de pauvreté

Pendant longtemps, ce fut un territoire négligé qui n'a obtenu le statut de département, donc son intégration totale dans la République et l'Europe, qu'en 2011. Depuis, la France s'emploie à rattraper son retard de développement. À Mayotte, 77% de la population est recensée sous le seuil de pauvreté. 30% des ménages n'ont pas accès à l'eau courante. La plupart des maisons sont des cases en tôle, en bois ou en briques séchées. Les constructions en dur sont extrêmement rares, ce qui explique l'ampleur des dégâts. Et même les bâtiments où se trouvent les administrations ont vu leurs toits en tôle s'envoler. 

Et puis il y a l'habitat informel : 100 000 personnes vivent dans des bidonvilles. La plupart sont des clandestins venus des Comores ou de l'Afrique centrale. Mayotte, île française, fait figure d'Eldorado pour ses voisins encore plus pauvres. 

Ces populations précaires paieront un très lourd tribut humain au cyclone. Car contrairement à ce que dit la chanson, la misère n'est pas moins pénible au soleil.
 

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