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Il y a quatre, mois, un tremblement de terre de magnitude 6.8 a fait près de 3.000 morts et isolé du monde des dizaines de villages. Nous avons voulu savoir comment se portait le pays. Les services de secours sont encore sur place et des milliers de familles vivent toujours dans des tentes de fortunes.
8 septembre 2023, peu après 23h, le cœur de Marrakech est touché par un séisme de magnitude 6,8. Dans les commerces, dans les maisons, des scènes de panique. Les habitants de la ville rouge frappée, sortent en urgence et se réfugient dans les rues.
Au petit matin, le jour fait découvrir l’ampleur du désastre : des centaines de villages sont touchés sur plusieurs provinces du Maroc. Les images font le tour de la planète.
Dès le lendemain du drame, une équipe de RTL info se rend au Maroc. Le premier village qu'elle a découvert est celui de Moulay Brahim. Les dégâts y sont extrêmement nombreux. Nous rencontrons Meryem, 15 ans, qui dresse un bilan tragique. "Mes amis sont morts. Des amis de 15 ans, des amis de 8 ans, ils sont morts", nous expliquait-elle.
Les familles sont encore dans des tentes.
Trois mois plus tard, difficile de retrouver ces personnes rencontrées sur place. Les communications téléphoniques restent instables. Les tentes installées en urgence sont toujours là. Par vidéo, Hayoub, nous les montre : "Les familles sont encore dans des tentes. Seulement, je pense, 150 ou 200 familles sont dans leurs maisons". Sur la ville, il reste quatre camps comme celui-ci.
Dans les rues, rien ne semble encore avoir bougé. À Moulay Brahim, pourtant, la reconstruction va débuter par l’évacuation des débris. "Ils vont construire plus de 500 maisons. Ils ont déjà commencé les travaux", nous assure Hayoub.
Un long travail de reconstruction
Selon les bilans officiels, le tremblement de terre aurait fait 2960 victimes, 163 communes touchées, 2930 villages, 64 routes bloquées et 59674 bâtiments détruits, dont un tiers d’entre eux, totalement. Si les choses semblent bouger sur certaines zones, des villages restent isolés.
Via l’association Humanitaire pour le Monde, basée en Belgique, nous rencontrons Rokya par appel vidéo. Elle se trouve dans le village de Tamaloukt à 14 km de Taroudant. "Ici, dans ces rues, il y a eu 16 morts", raconte-t-elle. Dans le village, des centaines de maisons ont été rayées de la carte. Rokya nous montre une maison qui n'a plus de rez-de-chaussée. Il est remplacé par le premier étage. Elle nous montre aussi la tente dans laquelle une famille vit depuis 3 mois.
"Les gens de la commune sont venus nous voir juste après le drame, mais depuis, nous n’avons pas de nouvelles. On se sent seul", regrette un habitant que nous avons pu joindre.
Il faisait glacial la nuit. L'eau s'infiltrait dans notre maison de fortune. C'est dur, la vie ici.
À Tamaloukt, le temps s’est arrêté le 8 septembre dernier. Les prévisions météorologiques, la neige notamment, laissent craindre le pire. "On a eu énormément de pluie, la semaine dernière. Il faisait glacial la nuit. L'eau s'infiltrait dans notre maison de fortune. C'est dur, la vie ici", témoigne une sinistrée dans sa tente.
Pour les aider, l'association Humanitaire pour le Monde a travaillé dur : "On a mis en place des panneaux solaires pour qu'ils puissent avoir de l'électricité dans leur tente. Il n'y a plus d'eau potable, donc on a mis des châteaux d'eau pour qu'ils puissent s'approvisionner en eau".
De l'aide financière du gouvernement, sans doute pas suffisant
Pour chaque ménage touché, 2700 euros ont été octroyés par le gouvernement marocain. Selon les dégâts sur les habitations, des sommes sont aussi attribués pour reconstruire. "Certains ont reçu 10.000 euros, d’autres 14.000, parfois 18.000 euros. Mais l’argent n’arrive pas directement. Cela ne sera sans doute pas suffisant pour tout le monde", rapporte Rokya, depuis Tamaloukt.
Au Maroc, le coût total des dégâts serait proche des 9 milliards d’euros, soit 8% du PIB du pays. La priorité du gouvernement, c’est le logement. Des cabanons font leur apparition et ils remplacent peu à peu les tentes.
Beaucoup de gens préfèrent rester dans ces logements temporaires, plutôt que de retourner chez eux.
Marie est belge. Elle est sur le terrain depuis plusieurs semaines avec la Croix-Rouge allemande. Elle nous parle, depuis Marrakech, de certaines des craintes présentes : "Même pour ceux qui ont été moins affectés, il y a quand même une peur de retourner dans les bâtiments qui persiste. Beaucoup de gens préfèrent rester dans ces logements temporaires, plutôt que de retourner chez eux, par crainte d'un autre tremblement de terre".
Pour rebâtir ces zones touchées au Maroc, il faudra clairement plusieurs années. Car, au-delà des victimes, des maisons effondrées, ce sont des vies à reconstruire, du travail à retrouver, un apaisement qui paraît encore bien lointain.