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Présidentielle à Madagascar: forte abstention, boycott de l'opposition

Environ 60% des électeurs malgaches ne se sont pas rendus aux urnes jeudi pour le premier tour de la présidentielle, qui s'est tenu dans un climat tendu et pour lequel la participation était un élément clé, après un appel au boycott de l'opposition.

Le taux de participation au scrutin, dont les résultats préliminaires doivent être annoncés le 24 novembre, est d'environ 39%, selon une estimation officielle de la commission électorale (Ceni) dont l'impartialité est mise en doute par l'opposition.

Le collectif de dix candidats, opposés au président sortant Andry Rajoelina et rassemblant notamment deux ex-présidents malgaches, avait annoncé plus tôt dans la soirée une participation "au plus bas dans l'histoire électorale de Madagascar", aux alentours de 20%, selon des chiffres qui leur ont été transmis par les observateurs internationaux.

"Nous ne reconnaissons pas ces élections et la population malgache dans sa grande majorité non plus", a déclaré à la fermeture des bureaux de vote Hajo Andrianainarivelo devant la presse, au nom des dix opposants.

Deux sources au sein de la Ceni avaient déclaré à l'AFP que la barre pourrait même se situer sous les 20%. Le chiffre définitif doit encore être communiqué par la commission. Le dépouillement a commencé dès la fin du vote.

Onze millions d'électeurs devaient choisir entre M. Rajoelina, 49 ans, confiant dans une victoire au premier tour, et douze autres candidats officiels, dont ceux du collectif qui n'ont pas fait campagne et livrent depuis des semaines une bataille féroce contre le président sortant.

"La seule voie démocratique (...) ce sont les élections", a déclaré Andry Rajoelina après avoir déposé son bulletin à Antananarivo.

Il s'est félicité de "voir que la population vote en masse" et a dénoncé "les gens qui essaient de semer des troubles et empêcher les élections".

L'opposant Siteny Randrianasoloniaiko, ex-champion de judo, a dénoncé des irrégularités. À Androy (sud), "les bureaux sont littéralement fermés, il n'y a pas d'électeurs, on l'a fait constater par huissier", a-t-il dit.

- "C'est pas normal" -

A "Tana", la capitale, les électeurs se sont présentés en petits groupes, sans se presser. A la sortie d'isoloirs rudimentaires, ils repartent le pouce enduit d'encre indélébile vert-doré.

Dans le fief de l'opposant et ancien président Marc Ravalomanana, sur les hauteurs, un assesseur baille et s'étire: à deux heures de la fermeture du vote, seuls 18% des inscrits s'étaient présentés.

"C'est vraiment pas beaucoup", soupire un responsable, les mains posées sur une urne en plastique largement vide.

Dans le bureau où a voté le président sortant, Eugène Rakatomalala, 43 ans, chapeau en paille et barbichette, maugrée: "Je vote mais on sait bien que c'est pas normal. Il n'y a que quelques candidats qui ont fait campagne".

"Je suis inquiet parce qu'il y a des sortes de factions qui veulent seulement que le pays soit en désordre (...) Il faut aller de l'avant", témoigne Francky Randriananantoandro, étudiant en informatique.

Dans les "bas quartiers", la cour de récréation défoncée d'une modeste école reste aussi quasiment déserte. Faraniaina Raharinirina, 66 ans, un long chapelet autour du cou, a tenu à venir voter, "par devoir".

Ici la participation a plafonné à 30%, selon le décompte du bureau que l'AFP a pu consulter.

Elu depuis 2018, Andry Rajoelina avait déjà accédé une première fois au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant l'ex-président Ravalomanana.

Le collectif d'opposants candidats a dénoncé des manœuvres du pouvoir pour reconduire M. Rajoelina et réclamé une suspension du processus électoral.

Depuis début octobre, ils ont multiplié les appels à manifester dans la capitale, ne réunissant chaque fois que quelques centaines de partisans.

Andry Rajoelina a sillonné le pays, parmi les plus pauvres de la planète, en hélicoptère ou avion privé, en campagne.

La crise politique dans le pays a été déclenchée en juin par la révélation de la naturalisation française, en toute discrétion, d'Andry Rajoelina en 2014. Selon l'opposition, cela devait l'empêcher de se présenter mais la justice a refusé d'invalider sa candidature.

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