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On vous en parlait plus tôt dans la journée, les fortes chaleurs en Arabie Saoudite ont provoqué la mort de plus de 900 pèlerins pendant le hajj, le grand pèlerinage musulman. Mustapha Chairi, directeur général du collectif contre l'islamophobie, était l'invité du Bel RTL soir ce mercredi. Au micro de Peggy Simono, il explique que malgré le risque, cet événement est tellement important pour les croyants que la chaleur ne constitue pas un frein.
Le hajj est un des cinq piliers de l'islam et donc chaque musulman est tenu de le faire au moins une fois dans sa vie.
Oui, il est tenu de le faire une fois dans sa vie, pour autant qu'il ait les conditions financières, physiques pour y aller. Ça, c'est très important. Et malheureusement, comme il faut épargner énormément, être psychologiquement prêt pour y aller, en général, on se prépare pendant des années, on économise pendant des années. Donc on y va plutôt au-delà des 60-70 ans pour pas mal de pays en tout cas.
Ça pourrait être une des explications du grand nombre de victimes dues à la chaleur à La Mecque?
Ce que vous soulevez comme question, c'est une statistique annuelle malheureusement (…) Maintenant, il faut se préparer à absorber cette vague de chaleur quand on est là-bas. Moi, j'y suis allé en 1990 pendant un mois et on a eu entre 50 et 58 degrés pendant la journée et ce pendant 30 jours.
Donc, si vous n'avez pas la condition physique, si vous ne buvez pas convenablement, si vous ne portez pas des vêtements de lin ou de coton qui vous aident à vous protéger contre la chaleur, malheureusement, vous êtes victime d'insolation, vous êtes victime de déshydratation et vous perdez la vie.
Ce qu'il faut bien comprendre aussi, c'est que pour certains, pour les musulmans, c'est une autre dimension de la mort, c'est que quand on meurt là-bas, c'est une espèce d'hommage qui vous est rendu. C'est même une fierté pour les familles d'avoir quelqu'un qui est décédé là-bas. Parce qu'il est décédé en lieu de pèlerinage, etc. Ce n'est pas nécessairement un drame à vivre, comme s'il y avait eu un tsunami, un tremblement de terre ou autre chose.
Chaque musulman est tenu d'y aller au moins une fois dans la mesure du possible. Même au risque d'y laisser la vie?
Il y a une telle effervescence, un tel enthousiasme de pouvoir y aller, ce n'est pas donné à tout le monde. Il y a presque 3 milliards de musulmans et il n'y a que la capacité pendant le pèlerinage d'avoir que 1,5 million. Ce sont des personnes privilégiées. On ne met pas en avant tous les problèmes qui peuvent arriver. On est tellement pris dans l'enthousiasme et l'effervescence d'être dans un lieu sacré pour un musulman que finalement, on oublie tous les risques.
Cet événement tragique n'est donc pas de nature à freiner les musulmans?
Non, vous pouvez parler à n'importe quel musulman. Aujourd'hui, ils vont dire que l'acte de sa vie, ce sera son pèlerinage, en tout cas, au-delà des autres pics. Il fera tout, il économisera, il se privera de beaucoup de choses pour pouvoir économiser l'argent pour aller dans ce lieu sacré.