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Le leader kanak de la Cellule de coordination des actions de terrains (CCAT) Christian Tein, détenu en métropole pour son rôle présumé dans les troubles en Nouvelle-Calédonie, a été longuement interrogé jeudi à Lyon par une juge de Nouméa, dont le travail "à charge et à décharge" a ensuite été salué par son avocat.
Débutée dans la matinée, la "longue" audition de M. Tein, selon Me François Roux, réalisée dans le cadre de l'instruction, a duré jusqu'en fin d'après-midi.
Elle s'est "plutôt bien passée", selon lui : "Nous avons la chance d'avoir une magistrate qui fait son travail à charge comme à décharge", a-t-il rapporté à l'AFP.
"Christian Tein est considéré comme étant le +chef+ (...) donc la juge évidemment était intéressée de l'entendre, de savoir, notamment, dans le cadre de ses fonctions, s'il était plus responsable que les autres", a indiqué son conseil.
Incarcéré depuis fin juin à Mulhouse (Haut-Rhin) et récemment désigné président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l'homme de 56 ans est soupçonné d'avoir orchestré les troubles contre la réforme électorale en Nouvelle-Calédonie. Il a pour cela été mis en examen, notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime.
Le militant kanak est l'un des cinq indépendantistes actuellement placés en détention provisoire dans diverses prisons de la métropole pour leur rôle supposé dans les émeutes qui ont éclaté sur le "Caillou" en mai.
Interpellé le 19 juin, il avait été mis en examen le 23 juin et transféré dans l'Hexagone le soir même, par un vol affrété spécialement. Sept militants avaient été emprisonnés dans un premier temps: depuis, deux détenues ont été remises en liberté sous contrôle judiciaire, tout en étant assignées à résidence en métropole.
Jeudi matin, avant le début de son audition par la juge, une vingtaine de personnes se sont rassemblées devant le tribunal judiciaire de Lyon en soutien au leader du CCAT et aux autres militants encore emprisonnés, agitant des drapeaux kanak.
"Leur place est dehors ! Pas derrière les barreaux. Ce sont juste des militants pacifiques, on leur colle des étiquettes qui ne sont pas vraies", a fustigé auprès de l'AFP Jacky Vama, 40 ans, en métropole depuis 22 ans et dont le frère Guillaume fait partie des militants incarcérés.
La compagne de Christian Tein, Olga Nassele, également sur place, a quant à elle dénoncé des conditions de détention "pas humaines".
Avocat de plusieurs de ces militants, dont Christian Tein et Joël Tjibaou, fils du leader assassiné en 1989 Jean-Marie Tjibaou, Me François Roux a toujours estimé qu'il s'agissait "clairement d'une affaire politique".
"Pour nous, le droit français n'est pas compétent pour juger nos clients, que nous considérons comme des prisonniers politiques au sens du droit international", a-t-il rappelé à la sortie jeudi de l'audition de son client.